En dépit des efforts entrepris par le clergé, réclamant le départ du général Cantave afin d'éviter un affrontement imminent entre les factions militaires, aucun résultat n'est obtenu. Du coup, face à la résistance du général cantonné aux casernes Dessalines, le groupe des officiers qui lui est opposé accroît sa pression jusqu'à ce que l'inévitable se produise : une demi-heure après avoir lancé un ultimatum à Cantave, lui enjoignant de se rendre dans le délai ainsi écoulé, quelques partisans du colonel Armand passent à l'offensive*. Entre les deux camps, c'est l'affrontement ; et sur les ondes des stations de radio, déclarations et nouvelles, plus alarmantes les unes que les autres, font croire à une terrible guerre civile**. Les bandes de «fignolistes» gagnent la ville aux cris de «A bas Cantave, Vive le Collège !» Certaines stations favorables à Jumelle et à Duvalier sont attaquées, ainsi que le bureau politique de celui-ci.
* Un lot de tracts destinés aux militaires a été largué d'un avion sur les casernes Dessalines; en voici le contenu : «Les garde-côtes, l'artillerie, la police, les pompiers, l'aviation, le service des transmissions, le district de Port-au-Prince, le district de Pétionville, l'Académie militaire, et tous les départements militaires de province reconnaissent l'autorité du nouveau chef d'état-major, le colonel Pierre Armand; nous connaissons vos bons sentiments et votre patriotisme, invitez le général Cantave à rentrer chez lui ; toutes les garanties sont données à lui et à sa famille ; entrez en contact avec nous; nous ne voulons pas de mal. Vive l'Armée, Vive Haïti.» (Genèse d'une République héréditaire, p.269)
** Seuls trois officiers (Hans Wolff, Donatien Dennery, Desrivières) et un soldat (Lespinasse) appartenant au camp de P. Armand sont tués.
A lire :
"Le
Pouvoir politique en Haïti de 1957 à nos jours" de Etzer Charles,
Gérard Azoulay, Jean-Claude Dillon