Settlements
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the Civil War
 
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 Sources 

BELGIANS   IN   AMERICA Belgian settlements by State  
American Censuses
1850/1860/1870
:
link to the censuses by States 
 Distribution according
to the State of settlement
:
link to the State of settlement

The settlers

The Catholic Missions


  Belgians Settlements in massachusetts at the time of the Civil War

Recrutements en Belgique pour la guerre de Sécession, hors émigration

Il s'agit, pour les Belges engagés dans les unités du Massachusetts, de recrutement fait en Belgique pour les troupes des armées du Nord. Lorsque le manque de volontaires s'était fait sentir dans les unités fédérales, des agents recruteurs avaient parcouru l'Europe en quête de volontaires. En Belgique, pays neutre, ce genre de pratique, bien que largement toléré, était en principe interdit. Mais, en juillet 1864, l'attention des autorités fut attirée sur ce traffic.
Le 7 juillet, le ministre des Affaires Etrangères attire l'attention de son collègue de la Justice  sur une annonce parue dans un quotidien L'Etoile Belge en date du 4 juillet :

Amérique.

On demande des célibataires
valides de 21 à 40 ans pour émi-
grer aux Etats-Unis d'Amérique.
 Inutile de se présenter sans cer-
tificat de milice. - S'ad. à L. Do-
chez, bureau d'émigration,n° 2,
rue de Brabant, à Bruxelles

et demande qu'une enquête soit rapidement et discrètement effectuée " sur le véritable but que l'on poursuit et sur la nature des engagements que l'on fait contracter à ceux qui se présentent " 
Les premiers renseignements recueillis par la police concernent la personne de Louis Dochez : né à Willebrouck(Brabant), âgé de 37 ans, agent de la Société d'émigration établie à Anvers, et domicilié à Schaerbeek, rue du Progrès n° 145 ; ces informations précisent que le bureau de la rue de Brabant n'est établi que depuis quelques jours et que les affaires principales se traitent à Anvers.
Le même jour, le ministère des affaires étrangères est informé du départ du steamer Bellona d’ Anvers avec pour destination Boston, et ayant a son bord 417 passagers " représentés comme des émigrants… " mais dont les passagers " avouaient sans hésitation que le but réel de leur départ était d’aller servir aux Etats-Unis ". Cette lettre ajoute que les Allemands ayant pris place à bord ont été recrutés à Hambourg par Allen, un agent américain. Une liste des Belges montés à bord du Bellona est jointe à la lettre. 
Aux Archives Nationales du Royaume (Inventaire  I 160 n° 49 "Mesures de surveillance prises à l'occasion d'événements politiques qui se sont produits à l'étranger 1848-1864) se trouve une liste des passagers belges du Bellona intitulée :

Extrait de la liste des passagers embarqués le 6 juillet 1864 à bord du Steamer anglais Bellona, Capitaine Farmer a destination de Boston.

 Note : j’ai ajouté a cette liste, qui reprend les Noms, Age, et lieu de naissance des Belges, les unités dans lesquels ils ont été incorporés en arrivant aux Etats-Unis, lorsque j’ai pu les retrouver. Les " X " sont donnés comme Belges dans les rosters de ces unités du Massachusetts mais ne correspondent pas aux noms repris dans la liste soumise au ministre des Affaires Etrangères. Les rapprochements de nom propres sont de mon fait et peuvent ne pas être exact. Il y a aussi une différence entre les noms déclarés à Anvers et ceux du manifeste du navire à l'arrivée aux Etats-Unis. Cette liste, qui m'a été communiquée par Mr Mertens(voir biblio.) reprend les noms suivants:
Jean de BROUVANNE
Jacques HASIENS
Peter KNOLLENBERG
Baptiste LAFEBER
Wasconir LAUERS
François MARS
au lieu de:Louis DEVATER
Arnold MAASEN
Pierre MORGEN
François RENZEL
Corneille STROOMINGER
Jacques VAN DOET

 
Extrait de la liste des passagers embarqués le 6 juillet 1864 à bord du steamer anglais Bellona, capitaine J'amer, à destination de Boston.  

Rosters Massachussett

NOM age résidence Name age enlisted Mustered out
BACHMAN Joseph 36 Bruxelles BOCKMAN Joseph soldier 26 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
BALON Paul 20 Ixelles COLON Paul 20 35th Inf. Co. C July 23, 1864  
        BARBIOUX Joseph 32 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
BLOCK Jacques 42 Brasschaet BLOCK Jacobus soldier 20 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
        BOHM Leopold 33 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
BOUGAERTS François 31 Antwerpen BONGARTZ Franz 31 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
BOUVIER François 21 Anvers        
CASSAMVERS Pierre 29 Anvers CARSAUVIARS Pierre laborer 27 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
DE HOERT Gommaire 34 Innysen        
DE KIND François 24 Uccles DELINDE Françoise soldier 23 35th Inf. Co. K July 23, 1864 missing Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va mustered out July 6, 1865
DE MENTS Leopold 26 Renaix DEMETS Leopold sailor   35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va No further record
DESMET Joseph 39 Moerhoudt        
DEVATER Louis 24 Halle        
DEWAMVER Jean Baptiste 28 Berlaer        
DURY Florent 27 Jodoigne FLORENT Francis 27 35th Inf. Co. K July 23, 1864  
FLORKIN François 39 Louvain FLORQUIN François   35th Inf. Co. K July 23, 1864  
GAUTHIER François 27 Bruxelles GAUTIER Francis soldier 27 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va Returned to duty, April 27, 1865 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
GEEROMS George 27 Bruxelles GEEREMO George Cigar maker 27 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
GHYSBRECHTS Joseph 22 Emblehem GAISBRECHE Joseph 23 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
GUFFENS Louis 32 Namur GUFFENS Louis soldier 32 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va No further record
HEININCK Charles 23 St Nicolas HYNICKS Charles laborer 23 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
HENDRICKS Edouard 23 Gand HENDRICKS Edward soldier 23 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va Joined the Confederate Army while a prisoner of war, at Salisbury, N.C.; no further record
HERNOLDSEN Nicolas 25 Ixelles HERNASTEEN Nicholas   35th Inf. Co. B July 23, 1864  
INDRUCK Camille 18 Anvers        
JONGEN Julien 29 Bruxelles        
        KNOLLENBERG Pietras 21 35th Inf. Co. K July 23, 1864  
LEEMPORT Jean 19 Anvers        
LOATE Jevis 21 Lierre        
MAASEN Arhnold 34 Anvers MARSSEN Arnold soldier   34 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Returned to duty from hospital, nov. 27, 1864 No later record
        MARIEL Pietras 27 35th Inf. Co. M July 23, 1864  
MENKEL Franz 43 Anvers        
MENLENBERG Jean 38 Anvers        
MOENS François 28 Termonde MOENS Francois 27 35th Inf. Co. M July 23, 1864  
MORELE Eugène 28 Ostende MORILE Eugene   35th Inf. Co. M July 23, 1864  
MORGEN Pierre 28 St Nicolas        
PATTIN Dominique 38 Gand PATTYN Dominick soldier 38 35th Inf. Co. K July 23, 1864 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
RENZEL Françoix 38 Renaix        
SCHAMPEST Jean 39 Anvers SHAMPARS Alexander J 37 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
SNEYERS Jacques 26 Anvers SNEYERS Jacques soldier 26 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va Returned to duty, April 27, 1865 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
SNEYERS Pierre 22 Anvers SNEYERS Peter tailor 22 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va Returned to duty, April 27, 1865 transfered June 9, 1865 29th Inf. Co. K
STROOMINGER Corneille 32 Anvers STAMMINGERS John C 22 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
VAN AAL Pierre 28 Turnhout VANAEL Pierre soldier 27 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Prisoner Sept. 30, 1864, Poplar Spring Church, Va Paroled Oct. 17, 1864 transfered to the V.R.C. disch. Aug. 14, 1865 as of 119th Co 2d Battln V.R.C.
        VAN BRUANNE John 27 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
VAN DOET Jacques 38 Malines        
VAN HAMME François 22 Louvain VANHAMME Francis 22 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
VANDENBERGE François 35 Bangel        
        VANDERBOSCH Frederick 21 35th Inf. Co. C July 23, 1864  
VANDENBOSSCHE Jean 32 Anvers        
        VANDERRENDE John 38 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
        VANDERWANWER Jean 28 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
VANDERWOERDEN Jacques 29 Anderlecht VANDERWARDE Pierre ? 29 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
        VAN LEEMPERT Jean B 19 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
        VANSERBROOK Henry 38 35th Inf. Co. B July 23, 1864 born Holland
VANSTIENBERGH François 36 Ahrendonck        
        VAN TAULT Jacques 38 35th Inf. Co. B July 23, 1864  
VERBRUGGEN Jean 32 Termonde        
VERMUSSCHE Emile 20 Bruges VER MUNISSHE Emil soldier 20 35th Inf. Co. K July 23, 1864 Died of disease, Jany 5, 1865 Washington D.C.
VERTEFSEN Jean 33 Gheel        
VILLARD Cornall 27 Antwerpen        
                 
 
X    

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

BARBIOUX, Joseph

32

X    

29th Inf. Comp. K

DESWERT, Conrad

34

X    

29th Inf. Comp. K

MARIEL, Pietras

37

 

Nom, prénom/Age

lieu de naissance

Enlisted

Rooster Name/Age

BACHMAN, Joseph

36

Bruxelles

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

BOCKMAN, Joseph

26

BALON, Paul

20

Ixelles

35th Inf. Comp. K

 COLON, Paul

20

BLOCK, Jacques

42

Brasschaet

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

BLOCK, Jacobus

20

BOUGAERTS, François

31

Antwerpen

35th Inf. Comp. B

 BONGARTZ, Franz

31

BOUVIER, François

21

Anvers

 

 

 

CASSAMVERS, Pierre

29

Anvers

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

CARSAUVIARS, Pierre

27

DE HOERT, Gommaire

34

Innysen

 

 

 

DE KIND, François

24

Uccles

35th Inf. Comp. K

DELINDE, Françoise

23

DE MENTS, Leopold

26

Renaix

35th Inf. Comp. K

DEMETS, Leopold

26

DE WAMVER, Jean Baptiste

28

Berlaer

35th Inf. Comp. B

 VANDERWANVER, Jean

28

DESMET, Joseph

39

Moerhoudt

 

 

 

DEVATER, Louis

24

Halle

 

 

 

DURY, Florent

27

Jodoigne

 

 

 

FLORKIN, François

35

Louvain

35th Inf. Comp. K

FLORENT, Francis

27

GAUTHIER, François

27

Bruxelles

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

GAUTIER, Francis

27

GEEROMS, George

27

Bruxelles

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

GEEREMO, George

27

GHYSBRECHTS, Joseph

22

Emblehem

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

GAISBRECHE, Joseph

23

GUFFENS, Louis

32

Namur

35th Inf. Comp. K

GUFFENS, Louis

32

HEININCK, Charles

23

St Nicolas

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

HYNICKS, Charles

23

HENDRICKS, Edouard

23

Gand

35th Inf. Comp. K

HENDRICKS, Edward

23

HERNOLDSEN, Nicolas

25

Ixelles

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

HERNALSTEIN or 
Kermasteen, Nicolas

25

INDRUCK, Camille

18

Anvers

 

 

 

JONGEN, Julien

29

Bruxelles

 

 

 

LEEMPORT, Jean

19

Anvers

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

VANLEEMPERT, Jean B

19

LOATE, Jevis

21

Lierre

 

 

 

MAASEN, Arnold

34

Anvers

35th Inf. Comp. K

MARSSEN, Arnold

34

MENKEL, Franz

43

Anvers

 

 

 

MEULENBERG, Jean

38

Anvers

 

 

 

MOENS, François

28

Termonde

35th Inf. Comp. B 29th Inf. Comp. B

MOENS, François

27

MORELE, Eugène

28

Ostende

35th Inf. Comp. B 29th Inf. Comp. B

MOREILE, Eugene

27

MORGEN, Pierre

28

St Nicolas

 

 

 

PATTIN, Dominique

38

Gand

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

PATTYN, Dominick

38

RENZEL, François

38

Renaix

 

 

 

SCHAMPEST, Jean

39

Anvers

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

 SCHAMPARS, Alexander J.

37

SNEYERS, Jacques

26

Anvers

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

SNEYERS, Jacques

26

SNEYERS, Pierre

22

Anvers

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

SNEYERS, Peter

22

STROOMINGER, Corneille

32

Anvers

29th Inf. Comp. B

STROMINGERS, John C.

22

VAN AAL, Pierre

28

Turnhout

35th Inf. Comp. K

VANAEL, Pierre

27

VAN DOET, Jacques

38

Malines

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

VAN TAULT, Jacques

28

VAN HAMME, François

22

Louvain

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

VANHAMME, Francis

22

VANDENBERGE, François

35

Bangel

 

 

 

VANDENBOSSCHE, Jean

32

Anvers

 

 

 

VANDERWOERDEN, Jacques

29

Anderlecht

35th Inf. Comp. B

VANDERWARDE, Pierre ?

29

VANSTIENBERGH, François

36

Ahrendand

 

 

 

VERBRUGGEN, Jean

32

Termonde

35th Inf. Comp. B
29th Inf. Comp. B

VERBRUGGEN, Jean

32

VERMUSSCHE, Emile

20

Bruges

35th Inf. Comp. K

VER MUNISSHE, Emil

20

VERTEFSEN, Jean

33

Gheel

35th Inf. Comp. B

VERTERSEN, Jean

32

VILLARD, Cornall

27

Antwerpen

 

 

 

X

 

 

35th Inf. Comp. K
29th Inf. Comp. K

BARBIOUX, Joseph

32

X

 

 

29th Inf. Comp. K

DESWERT, Conrad

34

X

 

 

29th Inf. Comp. K

MARIEL, Pietras

37

de BROUVANNE, Jean

 

 

35th Inf. Comp. B

 VAN BRUANNE, John

27

HASIENS, Jacques

 

 

 

 

 

KNOLLENBERG, Peter

 

 

35th Inf. Comp. K

 KNOLLENBURG, Pietras

21

LAFEBER, Baptiste

 

 

 

 

 

LAUERS, Wasconir

 

 

 

 

 

MARS, François

 

 

 

 

 

VANDENENDE, Jean

   

35th Inf. Comp. B

VANDERRENDE, John

38

STIENNEN, Augustin

         

Extrait de la liste des passagers embarqués le 15 juillet à bord du Garland, a destination de Boston.

Nom, prénom/Age

lieu de naissance

Enlisted

Rooster Name/Age

WILQUET, Michel

26

       
           

Extrait de la liste des passagers embarqués le 8 août à bord du Peter Godfrey, a destination de Boston.

Nom, prénom/Age

lieu de naissance

Enlisted

Rooster Name/Age

ALEXANDER, Pierre 32   30th F    
AVAIRT, Jean Baptiste 44   refused to enlist    
BALLIESE, Fidele 29   30th K    
BECKERS, Caspan 25   30th D BECKERS Gaspar 25
BERBER, Louis 44   ?    
BLUMENTHAL, Henri 18   30th H    
BONNVAINGHIER, Jean F K 21   30th K    
BOONO, Joseph 36   32th B    
BOUDENER, Victor 29   30th K    
BRIEVEN, Jean 32   30th A BRIEVAN John C L 32
BROGAIER, Philippe 26   ?    
BROWS, Jean Baptiste 32   30th B? BROERS Jean J 33
CAUCLAST, Julien 36   ?    
CELENS, Joseph 22   30th B CEAOELLEON Maximilian G J discharged as Joseph Cellis 22
CHEVALIER, Louis 23   32th B    
CLENVENT, Gilles 32   ?    
CLOES, Duard 26   30th G    
COLLINET, Hubert benis? 29   30th ?    
COPPENS, François 36   ?    
COUFFE, Revel 46   ?    
COURTOIS, Martin 40   30th G    
CUITTILEER, Eugene 34   30th ?    
CULINCKX, Gerard 29   30th G    
DANNEEL, Chas Louis 42   30th G    
DE BAER, Auguste 38   30th K?    
DE BRUEYN, Gomert 22   30th E DE BRUYN Gommaire 22
DE HOCK, Jacques 37   30th A? COGS Jacques 37
DE MEESTRE, François 29   30th K    
DE SMET, Charles 42   30th G    
DEBIC, Jean 29   30th D    
DEBRABANDER, Chas 19   30th B DE BRABANDER Charles 19
DEFREYME, Martin 30   30th H    
DEGREVE, Antoine 34   30th C DEGRAVA Antoine 34
DEGREVE, Albert 25   30th C DEGRAVE Albert 26
DELHAUDEL, Johaan 38   30th H    
DELILLE, Mathieu 33   30th    
DELLATRE, Magloire 45   refused to enlist    
DEMAESNER, Gregeoire 35   ?    
DENDEVORT, Alexander 28   30th F    
DEPUIS, Joseph 21   30th D    
DEPUIS, Pierre 24   30th D    
DERDEMAN, Michel 38   30th A DERDEMANS Michael 38
DEVETTER, Donart 25   30th C DEVETTERE Edward 25
DEWIT, Jean Baptiste 44   refused to enlist    
DOCHY, Pierre 41   32th D    
DUMON, Augustin 30   32th C    
DUMONT, Justinien 33   32th C    
DUPONT, Henri 25   32th D    
DUPRER, Jean Baptiste 45   ?    
DUVISVIER, Ferdinand 30   30th K    
FIENEY, Antoine 41   ?    
FINET, Désiré 38   30th K    
FRENENBECK, Clement 18   30th C    
GAILLARD, Antoine 42   30th B GAILLUARD Antone 42
GALAN, Joseph 23   30th D GALLANT Joseph 23
GANART, Jean Baptiste 3   30th G    
GENARD, Jean Baptiste 40   30th G    
GESTEPIEN, François 29   ?    
GICHT, Jean Baptiste 42   ?    
GILIS, Romain 23   ?    
GILLOT, Hubert 26   30th H    
GOETE, Edward 41   30th F    
GOLSCHMIDT, Albert 20   30th C GOLDSMITH Albert 21
GREVILLON, Maximilien 22   30th D GRAVILLON Maximillian 22
GRILLES, François 23   30th K    
GROS, Ernest Jean 30   ?    
GYSBRECKTS, Jean B 31   30th D GYSBRECHTE Jean B 31
HANWART, Joseph 24   30th C HANWAERT Joseph 24
HAYETTE, Celestin Js 38   30th D HAYETTE Celestin 38
HEBLEUCK, August 24   30th E    
HEINMAN, Jean 21   30th E    
HELDEN, Jacques 24   ?    
HERBEN, Corneil 25   30th I    
HUWART, françois 25   30th D? HUWAERT Francois 25
JACOOS, Maximillien 22   ?    
JANSSENS, Jean 18   30th K    
JEANSENS, Jean Baptiste 27   30th K    
KAIN, François 35   30th H    
LAIQUES, Isidore Pierre 23   ?    
LAMBERT, Xavier Joseph 33   30th B    
LAMPO, Philipp Henri 25   30th E    
LAVAUX, Nicolas Robert 27   ?    
LECONTE, Adrienne 44   ?    
LEFEBVRE, Guillaume 37   30th I    
LEFEVRE, Louis 42   30th D    
LEGROS, Theophile V. 31   30th E    
LENLEMANS, Jacques F 50   ?    
LEVERIN, Claus 34   ?    
LHENYT, Jean Baptiste 27   ?    
LICKTER, Chas 40   30th E    
LIMBOURG, Pierre Joseph 24   32th H    
LOCLAINE, Isidore 27   ?    
LOUVIANN, Joseph 35   ?    
LUPPENS, François 22   30th G    
LUST, Adolphe 27   ?    
LYSIN, Ferdinand 32   30th D    
MALERT, Jacques Lt 25   30th I?    
MANGART, Eugene 31   32th C    
MARFUSID, Joseph 22   ?    
MARTENS, Chas 51   ?    
MELART, Chas 43   30th K    
MENAIER, Louis 25   ?    
MENRESSE, Jean Baptiste 25   30th F    
MENVINE, Pierre 22   ?    
MILLE, Pierre Joseph 41   30th H    
MINNE, Paul Charles 20   30th I    
MOLYN, Louis G 24   ?    
MOULDER, Jean Baptiste 23   ?    
NAYVEN, Jean Baptiste 26   30th F    
ONAPKENS, Pierre 21   30th C    
PANCHAUX, Desiré 24   30th K    
PAULET, Germain 40   ?    
PENPEZ, Joseph 30   ?    
PETIS, Jean Joseph 25   30th G    
PETITOT, Douart 23   30th I    
PIETERS, Ferdinand 26   30th G    
PLATONE, Jules 18   30th K    
POSTELANGE, Leon 17   ?    
RAMACKERS, August 29   30th A REIMACKERS August 28
ROGIE, Joseph 38   30th G    
ROYE, Jean Baptiste 33   ?    
RYDAMS, Leonhard 21   30th E    
SCHENWOFF, Andris 25   30th I    
SERVAIS, Oscar 19   ?    
STAELLEN, Joseph 24   30th I    
STAEPOELS, Jean 24   30th K    
STAS, Antoine 25   refused to enlist    
STEALEMANS, Jean Baptiste 33   30th E    
STERKERDRICH, Jean Baptist 22   30th G    
STILLEMAN, Guillaume 41   ?    
TOENKENS, Thomas 31   30th E    
VAN DYBERGER, Victor 24   30th B VAN OBERGEN Victor 24
VAN RUYMERS, Pierre 26   ?    
VAN VELKENHUYZEN, Charl 27   ?    
VANBORTENDALL, Wilhelm 34   30th H    
VANCAMPENHAUS, François 42   30th H    
VANDBERGHE, Chas 33   30th G    
VANDENBERG, Jacob 28   ?    
VANDENGRENBROUCK, Pierre 25   30th K    
VANDER ELST, Guillaume 25   30th D VANDERELST William 25
VANDERMEERE, Camille 25   30th H    
VANDERSTRANDT, Jacques 24   30th    
VANDERVECK, Pierre 27   ?    
VANGUESLDAIL, Pierre Jos 25   ?    
VANLANDERUYCK, Leopold 22   30th C VONLANDENYK Leopold 23
VANVLOKHOEVEN, Joseph 24   30th K    
VANWER, Fidele 50   30th C? VARROVEN Fidel 40
VERBECK, Dona 42   ?    
WATER, Joseph 22   32th K    
WATTIER, François 40   30th K    
WATTIER, Louis 35   30th C WATTIEZ Louis 35
WAUTERS, Gerard 29   30th E    
WERY, Henri 42   30th A WERZ Henry 41
WILLEMS, Jacques 27   30th ?    
WIRCKS, Philippe 20   30th ?    
WYNBERGH, Jean 35   30th G    
ZONENBEK, Gaspert 21   ?    

 
Un autre rapport donne le nom de Strauss comme agent recruteur, Dochez ne serait qu’un de ses représentants. Mais si on s’inquiète au niveau des autorités de savoir si les personnes parties aux Etats-Unis ont encore des obligations militaires en Belgique et s’il existe des moyens légaux d’arrêter ce trafic. On fait aussi remarquer que la rumeur circule que les personnes se présentant chez Louis Dochez pour simplement émigrer, sans vouloir s’engager à prendre du service militaire, seraient induites en erreur en les enrôlant soi-disant comme travailleurs, alors qu’elles seraient également dirigées sur l’armée fédérale. Il est précisé également que son bureau de recrutement, rue de Brabant, est situé dans les dépendances d’un débit de liqueurs, au coin d’une rue, où il a une entrée particulière. Une surveillance spéciale est alors prévue pour ces bureaux de recrutement, à Anvers et à Bruxelles.
Les choses se clarifieront un peu lorsque le contrat signé par ceux qui s’engagent sera connu. S’il n’est mentionné nulle part clairement que la personne soit incorporée dans l’armée des Etats-Unis, les allusions y sont tellement flagrantes et nombreuses qu’il est presque impossible que les signataires se soient engagés contre leur grès  :

Nous soussignés avons arrêté le contrat suivant, et nous nous engageons à l’exécuter soit individuellement, conjointement ou séparément, à savoir :

Moyennant le passage gratuit avec logement et nourriture qu’il nous procurera, nous nous sommes engagés et nous nous engageons envers Mr Julian Allen à partir d’un port de l’Europe pour les Etats-Unis d’Amérique par telle route et tels moyens qu’il nous désignera, soit au port de Boston dans l’Etat de Massachusetts, soit au port de Portland dans l’Etat de Maine, ou à tout autre port qui nous sera indiqué par le dit Julian Allen ses agents ou représentants.
Nous sommes convenus et nous nous engageons par la présente soit individuellement, conjointement ou séparément à accepter de Mr Julian Allen, ses agents ou représentants à notre arrivée en Amérique pour une période qui n’excédera pas trois ans, l’engagement de servir fidèlement et honorablement dans tel emploi que Mr M. D. Ross de Boston dans l’Etat de Massachusetts, ses agents ou représentants nous désigneront ou auront contracté pour nous, pour autant que cet emploi ne soit pas en opposition avec les lois des Etats-Unis d’Amérique et que les gages qu’on nous allouera ne soient pas inférieurs à ceux payés en Amérique à d’autres personnes remplissant une profession ou un travail identiques, ces gages dans tous les cas ne pouvant être au-dessous de 12 Dollars argent courant d’Amérique par mois avec logement et nourriture gratuit.
Il est cependant expressément entendu que par gages nous n’impliquons pas les sommes données ou payées à titre de primes à telles personnes qui y auraient des droits et qui pourraient nous échoir.
Nous nous engageons de transférer et nous transférons par la présente à Mr M. D. Ross ses agents ou représentants, toutes les sommes extra ou primes qui pourraient ainsi nous revenir à l’exception d’une somme de 100 Dollars argent courant d’Amérique, laquelle nous sera payée ; de plus nous nous sommes engagés et nous nous engageons à signer tous actes quelconques dont Mr M. D. Ross ses agents ou représentants auraient ou pourraient avoir besoin pour pouvoir encaisser les dites sommes extra ou primes, qui pourraient nous être dues à notre entrée au service ou emploi désigné par le dit M. D. Ross ses agents ou représentants, pour la période susmentionnée.
Il nous a été clairement expliqué et montré à l’évidence qu’en nous procurant un passage gratuit aux Etats-Unis et un emploi lucratif à notre arrivée Mr Julian Allen prend sur lui un risque et des dépenses extraordinaires ; c’est pourquoi de notre propre volonté et de propos délibéré nous faisons le transfert comme dessus de toute prime ou extra.
Nous reconnaissons que par l’entremise de Mr Julian Allen et de ses associés notre position sera infiniment améliorée ; il n’est donc que juste et équitable qu’ils reçoivent cette rémunération, dût elle même constituer un bénéfice, pour les risques et dépenses qu’ils imposent.
En foi de quoi nous avons individuellement, conjointement et séparément signé le présent contrat et nous promettons en honneur de nous y conformer en tous points.

 En première analyse au ministère de la Justice, ces documents laissent peu d’espoir de pouvoir agir légalement pour empêcher ou réprimer de tels agissements :

Le recrutement pour des armées étrangères est autorisé en Belgique. L’exemple de la guerre de Crimée, ou des Anglais ont recruté en Belgique pour aller se battre contre la Russie, en est une bonne illustration. Ces agissements ne pourraient être réprimés que si l’Etat serait exposé à une déclaration de guerre de la part de la nation étrangère concernée. Ce qui n’a jamais été le cas en 30 ans d’existence de l’Etat Belge. Et si c’était le cas, seuls les particuliers qui recrutent des troupes pour les conduire au secours d’une puissance belligérante, pourraient être punis, la sanction prévue étant le bannissement des meneurs.
S’il en était ainsi le gouvernement devrait s’en émouvoir bien qu’un précédent ait eu lieu en 1831, 1832, où des troupes équipées, armées et exercées à Ostende étaient préparées pour être envoyées au Portugal. Il faudrait pour agir que la puissance concernée nous mette en demeure de la faire cesser, et comme ces troupes sont prévues pour les armées du Nord, et non pas pour les rebelles du Sud, comme on aurait pu le craindre au départ, le gouvernement des Etats-Unis ne s’en plaindra pas.
La seule conséquence est pour les Belges qui s’engagent dans des armées étrangères car, sans autorisation du Roi, ils perdent de facto leur qualité de Belge et ne peuvent plus rentrer dans leur patrie d’origine sans la permission du Roi.
Si des manœuvres frauduleuses étaient employées par les recruteurs, l’autorité judiciaire en serait saisie, mais le gouvernement ne peut exercer à ce sujet aucune action préventive.

Le ministère de la Justice conclut :

Il serait extrêmement impolitique se soulever cette question sans y être forcés et de saisir une cour d’assises d’un fait de cette nature. Une fois entré dans cette voie, les gouvernements étrangers seraient plus exigeants puisque nous aurions considéré nous-mêmes les recrutements comme des actes hostiles.
 

Fin juillet on découvre qu’il y aurait eu vraisemblablement un recrutement pour les Etats-Unis dans les dépôts de mendicité. Cette affirmation se base sur le fait que 45 détenus du dépôt de Mons ont été remis en liberté, par un arrêté du Gouverneur du Hainaut en date du 28 juillet, puis auraient été transférés sur Bruxelles par voiture cellulaire pour, semble-t-il, être envoyés aux Etats-Unis (la lettre du Gouverneur du Hainaut au commissaire de police de Bruxelles qui serait à la base de cette affirmation n’est pas dans les documents que j’ai pu consulter).
La réaction du ministère des affaires Etrangères est de faire remarquer au Gouverneur du Hainaut que :
s’il n’y a pas grand mal à ce que le pays soit débarrassé des fainéants qui encombrent les dépôts(sic), il n’est pas sans inconvénient qu’un fonctionnaire de l’Etat favorise leur enrôlement :
- parce que cela nous fait prendre en quelque sorte partie dans la guerre des Etats-Unis ;
– parce que ces gens vont perdre leur qualité de Belges et reviendront ensuite au dépôt de mendicité à la charge de l’Etat, en qualité d’étrangers.
et que le Gouverneur doit se borner à simplement remettre les détenus en liberté.
L’affaire filtre dans la presse et l’Indépendance titre dans son édition du 10 août :

On lit dans un journal de Mons
Les Etats Désunis(sic) font une si grande consommation d’hommes, dans leur guerre fratricide, qu’ils se voient dans l’obligation de demander à tous les pays de la chair à canon. C’est ainsi qu’avant hier, 45 détenus de notre dépôt de mendicité ont été mis en liberté pour se rendre à New York, où ils seront enrégimentés aussitôt leur arrivée. Ils doivent s’embarquer dans une huitaine de jours.

 

Mais pendant ce temps, les Belges embarqués le 6 juillet sur le Bellona commencent à faire parler d’eux. Arrivés aux Etats-Unis, certains d’entre eux commencent à se plaindre des conditions de leur engagement :
Copie d’une lettre traduite (du Néerlandais ?) en français, datée du 12 août 1864, postée de Galops Island arrive au ministère des Affaires Etrangères. Cette lettre était adressée à Monsieur Fredérick, débitant de liqueur et toutes sortes de cigares, Grande Place n° 7 à Anvers :

Monsieur Frédérick,
Nous voulons être de parole, en vous envoyant d’après votre désir quelques renseignements sur notre voyage.
Comme vous savez, nous sommes sortis du port d’Anvers le 6 juillet dernier par le steamer américain Bellona.
Nous sommes restés en rade derrière la courbe de l’Escaut jusqu’au 7 le lendemain. Alors le commissaire maritime accompagné d’un inconnu est venu à bord de notre bâtiment ; pour demander à chaque homme en particulier son nom. Lorsque cette opération fut faite, il fit retourner sur Anvers un seul homme. Alors il rassembla les Anversois et leur expliqua qu’ils n’allaient pas en Amérique pour travailler mais bien pour y être soldat pendant 3 ans pour combattre les américains du Sud. Il ajouta que toute la troupe avait encore la liberté de retourner en changeant d’idée – car que ceux qui partaient perdraient leur qualité belge- alors nous avons crié tous, pour soldat, pour soldat, excepté Jean surnommé le Canonnier qui répondit qu’il ne voulait pas être soldat. Voyant qu’il était le seul à s’opposer, il finissait par partir avec nous.
Le 8 à 4 heures du matin nous étions déjà en pleine mer. Nous avions bon vent et nous filions en chantant la Brabançonne, particulièrement les Belges car nous étions plus de 60 hommes et 400 allemands dont la moitié jouaient un instrument pendant que les autres chantaient durant notre traversée.
Nous passions les côtes de l’Angleterre, de la France, de l’Espagne, nous n’avons vu vers le nord que des montagnes de glace et des poissons monstres aussi grands qu’un bœuf qui en nageant crachaient l’eau par les narines jusque sur le pont.
Le 16 ou 17 nous étions dans le grand océan où nous avons pendant quelques minutes craint pour la vie d’un de nous qui ayant mangé du pain frais et bu du genièvre en est devenu tellement malade qu’il se jeta en mer pour se noyer. Mais 4 de nos matelots avec la rapidité de l’éclair l’ont encore sauvé – Ce malheureux était un allemand qui le 2 août suivant est décédé sur l’île Meric.
Monsieur Frederick, le 22 nous nous sommes arrêtés près de Boston-harbor et le 23 un steamer américain nous est venu prendre pour nous conduire à l’île Meric.
Le 24 nous passâmes visite par les mains de 2 médecins et nous fûmes reconnus aptes au service du soldat excepté 4 ou 5 parmi lesquels figure Jean le Cannonier – Le 25 on voulait nous faire signer sans nous donner de l’argent et nous refusâmes tous. On nous avait promis 100 Dolars et nous ne signèrent que lorsque vers 3 heures de relevée on nous appela pour nous remettre 100 Dolars en papier – alors nous signèrent et ils nous firent jurer de bien défendre la patrie. Lorsque tout fut fait nous sommes partis le 27 de notre presqu’île de Meric sur l’île Galops ou nous sommes encore ce jour.
Hier 11 août, il y a eu un incendie à Boston-harbor et on nous a dit ici que c’est la maison d’un consul qui est incendiée.
Monsieur Frederick, pour vous donner d’autres & plus amples renseignements sur Jean le Cannonier nous avons appris par un de nos hommes qui avait été aussi refusé que Jean pendant le transport d’une ville à l’autre est tombé d’un wagon, et nous ne savons pas s’il existe encore oui ou non.
Le 6 de ce mois d’août il y eut un transport d’ici de 500 hommes et déjà le 10 du même mois nous lisames(sic) dans un journal que les 500 avec 7,200 autres ont été tous massacrés par les confédérés.
Monsieur Frederick, jusqu’à ce jour je ne puis vous donner d’autres nouvelles – je vous dirai que nous ne sommes pas encore désignés(nous deux) pour un régiment quelconque – mais lorsque nous arriverons dans notre régiment après le 21 ou 22 nous l’apprendrons. Alors nous vous donnerons d’autres nouvelles.

Vos deux pratiques
Signé : Jean Vandenende & Guffens surnommé le blanc

= les compliments de tous les amis et en particulier d’Augustin(Stienen)
N.B.
nous regrettons le genièvre clair de chez Fritz. Ci-joint nos portraits n° 1 est Vandenende n° 2 Guffens. C’est pour un souvenir de nous.

Jean Vandenende qui n’apparaît pas sur la liste des passagers belges du Bellona fut incorporé sous le nom de John Vanderrende dans la Comp. B du 35th Massachusetts et sera tué le 30 septembre à Poplar Spring Church. 
Augustin Stienen n’apparaît pas sur les registres de cette même compagnie.
Des 417 passagers du Bellona, un grand nombre fut enrôlé dans le 35eme régiment d’infanterie du Massachusetts. En reprenant, compagnie par compagnie, la liste des engagés entre le 23 et le 30 juillet 1864, et dont le " lieu de résidence " a été laissé en blanc dans les registres de l’unité, je trouve :
Comp. A : 39
Comp. B : 33
Comp. C : 38
Comp. D : 0
Comp. E : 34
Comp. F : 42
Comp. G : 56
Comp. H : 39
Comp. I : 34
Comp. K : 36
Total : 351
Et de 48 à 60 Belges, le chiffre exact étant difficileà déterminer, certains ayant sûrement caché leur identité lors de l'établissement des listes afin d'éviter les problèmes de perte de nationalité et/ou d'obligations militaires en Belgique, j'en dénombre actuellement :
15 dans la Comp. B
23 dans la Comp. K 
Total : 38
Si ces recrutements font scandale en Belgique, il en est de même aux Etats-Unis. Pour preuve, cet article du New York Daily Time du 11 Aout 1864 :

A CURIOUS SCHEME OF EMIGRATION

A Boston Secret
SHIPLOADS OF EMIGRANTS ENLISTING IN OUR ARMY

 - SCENES AT ANTWERP- NOVEL PROCEEDINGS
From the Evening Post


The British steamer Bellona, which left this port on Saturday last, had a few days before quietly landed on Deer Island, in Boston harbor, between four and five hundred men. She did not touch at any wharf in Boston, but after leaving the men put out of the harbor and sailed directly for this port, bringing a few bales of rags, which constituted her entire cargo.
Two other similar trips have been made. The first vessel came from Ireland, the other from Hamburg. Most of the men brought on these three vessels are now in the Union army, though the emigrants from Ireland did not enter the service immediately, some of them having been persuaded by their friends that they could do better. They began their voyage to the United States, however, with the intention of entering the service, and their passage was taken with that understanding. Their failure to do as they had agreed in Boston, involved a heavy loss to persons who had paid their passage money.
The second company, as soon as they arrived at Boston, put on the Federal uniform, received their bounty money, and went into the ranks, thus providing exemption from the draft for several hundred Bostonians, whose business engagements did not admit of their personal service in the field. Four hundred of the emigrants who came on the Bellona also entered the service, thereby exempting four hundred other Bostonians.
A majority of these emigrants had already been trained to the use of arms, and some of them had been in battle. It is believed that they will do good service in our army.

THE SECRET OF THE MOVEMENT.

The secret of this business, by which Boston obtained substitutes, and two or three persons obtained a large amount of money, was at first well kept.
But if finally got out: a desperate man, a Servian by birth, who arrived on board the Bellona, and was afterward brought to this city, has divulged the scheme to several unscrupulous individuals, who say they are lawyers, but who possess neither ability nor learning, and are without character or influence - yet they promise him that they will get money for him, and expect to get more for themselves, if he puts the case in their hands.
These New-York sharpers are unwilling that the gains of the Boston men should be so much, and their own so little; and they threaten to put an end to this kind of emigration by going to Europe and making representations about it, unless the Bostonians pay them for keeping silence.

HOW THE EMIGRANTS WERE GATHERED.

A part of the story of this curious emigration scheme is not secret, but it is novel and interesting. The men who came in the Bellona were of different nationalities, but were collected in Belgium under the direction of JULIAN ALLEN, formerly Colonel of the well-known organization called the "Polish Legion" of this city - a regiment which it was proposed to recruit at the beginning of the war among the Polish refugees in this country; but its rank were not filled in time, and the men were consolidated into other regiments. Mr. ALLEN  went abroad to assist his countrymen in their late struggle for independence, and he is now doing what he can for American interests.
Six hundred men were gathered within three weeks, and constant accessions were made to their numbers. It was not difficult to collect them. The people of Europe are acquainted with the efforts making here to obtain recruits; and many persons, desiring to come to this country, frequently make applications to our Consuls- supposing, not unnaturally, that some facilities for transportation hither might be afforded by our diplomatic representatives, but those officers, in accordance with the instructions of our Government, reject the proposals.

When, however, it became known at Antwerp, recently, that Mr. ALLEN would receive persons and send them across the ocean, the tidings were quickly conveyed to the principal cities near the seaboard of the continent, and immediately men came from all directions. A part of them were so much elated with the prospect of going to America, that they marched in processions, carrying rags to represent banners, on long sticks like flagstaffs, much to the astonishment of some of the townspeople and the amusement of others, who thought a new society had suddenly sprung  into existence, and that ragamuffins were the only members.

PREPARATION FOR DEPARTURE.

The Belgian Government would not permit the embarkation of the emigrants without a careful examination of them, and de signing of a contract by each person, which was to be a certificate that he went by his own desire. This paper (or a copy of it) was to be left with the Customs officers, else the necessary clearance for the vessel could not be obtained.

The contract bound the signers, when they should arrive in the United States, to do whatever might be required of them; and all the men were asked by the officers if they understood what the contract implied, and if they were willing to abide by it. These questions answered satisfactorily, and the name attached to the contract, completed the preliminaries. Some of the Belgians were unable to write their names, and the Customs officers made the required signatures, saying to the emigrants  as they did so, that they were going to America, and must do their duty.

A DIFFICULTY - CONSULAR INTERFERENCE

The Bellona was ready to sail on the 5th of July, but it appears that a dishonest contractor had sent on board a quantity of bad provisions, which were served out on the emigrants, some of whom thereupon marched off the vessel, and were followed by more than half their fellows.

It is said, even, that less than a hundred remained on board. Here was a dilemma. The vessel had been chartered at a high rate. She was to carry seven hundred or eight hundred men. Her owners thought she could carry a thousand. The Belgian authorities had surveyed her, however, and would not allow more than four hundred and twenty-six to go on board. Of those three-fourths had abandoned the vessel, and by their representations would deter others from coming in their places.

A summary measure was then resolved on. All the provisions were thrown overboard before the faces of some of the discontented men, and they were promised that the best food in the market should be procured for them, and that they should have double rations. The new food was bought, and was followed on board, soon afterward, by the runaways.

The men had another reason for returning to their places on the ship. They were nearly all rough persons; in anticipation of the trip they had disposed of everything they possessed, even their spare clothing, for liquor, and had had a general "spree". So now they had neither money, nor any means of obtaining any, and the want of food admonished them of the propriety of fulfilling their contract.

Two of the men who had signed the papers complained to their Consuls, saying that illegal efforts were made to detain them; and the ship was detained till the Consuls could make an investigation. The complaint was found to be incorrect; the authorities were assured that all the men on board were at liberty to leave the vessel if they desired to do so; and the objections to her departure were withdrawn.

THE START.

On the 6th of July the vessel sailed down the channel for Antwerp. There were two or three hundred men on the wharf who desired to go on board, but for reasons already given were not permitted. their demonstrations as she took her departure indicated much disappointment. Some of them followed along the banks, waving handkerchiefs, and calling out to the men on the deck to have the vessel stopped and they would come on board in sail boats. Of course the request was not heeded, and some of their number were observed to manifest their vexation in tears.

ON THE OCEAN.

Regular drills constituted a part of the daily exercise at sea. A young Pole, who was an officer in our army but who resigned and engaged with his countrymen in the recent attempted revolution, presided at these drills, and performed important services from the first.

Among these emigrants were many Germans who could sing and play; to the latter were given instruments, and the latter assisted the musicians with their voices.

AT BOSTON.

These men, with the exception already noticed, enlisted on Deer Island, were examined and afterwards went to the military rendezvous in another part of the harbor. In four days from the time of arrival, the business was concluded. Nobody not interested was wiser, while three individuals were much richer, and 400 men were credited on the quota of Boston.

MORE EMIGRANTS COMING.

More of these emigrants are coming. Another vessel loaded with them is expected at Boston harbor in a few days. The facts are known in Europe; and this new system of emigration, first made practicable through the wants and the enterprise of men of Boston, appears to be successful. No efforts have been made on the continent, so far as yet appears, to put a stop to it.
Galignant's Messenger
, in announcing the departure of the last vessel from Antwerp, gives no particulars, but says that it contained 350 "German recruits for the American Federal army."

Des doutes quand à l’aspect volontaire des engagements des Allemands se font aussi fait sentir. Le ministère reçoit copie d’un journal allemand, La Gazette Universelle du Nord de l’Allemagne, dans lequel leur correspondant aux Etats-Unis, en date du 12 août

"  confirme les inquiétudes conçues au sujet des émigrants Allemands en Amérique. 420 d’entre eux, arrivés le 30 juillet dans le port de Boston, ont été débarqués contre leur gré dans une île de report, sans toucher la ville ; puis un paquebot les a transportés dans une autre île où se trouvait un camp pour ces recrues. Là on leur a annoncé qu’ils devaient entrer au service des Etats-Unis et qu’ils allaient recevoir 100 doll. D’engagement. Une vingtaine refusèrent catégoriquement et furent laissés libres ; on en congédia d’autres que le médecin chargé de les examiner jugea impropres au service. Le reste se résigna, poussé par le besoin , à entrer dans l’armée. Les émigrants laissés libres se sont plaints à la Compagnie allemande de Boston et lui ont demandé son intervention pour leurs camarades enrôlés malgré eux par ignorance. La Compagnie fait, du reste, de bonnes affaires, car on lui paie 600 dollars pour chaque remplaçant qu’elle fournit, et ne supporte que les frais de voyage et les 100 dollars d’engagement " 

Le Journal de Bruxelles, dans son édition du 10 septembre 1864, dénonce les mêmes pratiques en Belgique, suite à l’arrivée du Bellona aux Etats-Unis det reprends quelques passages de l'article de l'Evening Post :

LES ENROLEMENTS POUR LES ETATS-UNIS.
Nous croyons opportun d’appeler de nouveau l’attention du public sur des faits qui s’accomplissent sous nos yeux depuis quelque temps, et qui sont relatés dans l’article suivant, emprunté à l’Evening Post, un des journaux les plus anciens et les plus respectables de New-York . On comprend qu’à défaut de patriotisme, le Yankee, avec l’astuce qui le caractérise, se fasse représenter dans les rangs des armées de l’Union par de malheureux nègres, enlevés de vive force, ou par des étrangers ignorants, victimes de la fraude des recruteurs. Dans un pays comme le nôtre, où existe le droit d’expatriation, le gouvernement ne peut pas intervenir pour empêcher les enrôlements déguisés de sujets belges. Il est d’autant plus nécessaire que la presse s’efforce sans relâche de signaler la manière dont se comblent depuis longtemps les vides des armées fédérales, et de prévenir nos compatriotes des suites funestes de leur émigration en Amérique.
Voici donc ce que nous lisons dans l’Evening Post de New-York :

"   Le steamer anglais Bellona est arrivé à New York avec une cargaison composée de quelques balles de vieux chiffons ; mais il a débarqué quatre ou cinq cents hommes sur Deer Island, dans le port de Boston. Deux autres expéditions semblables ont été faites, l’une de l’Irlande, l’autre de Hambourg. La plupart des hommes transportés par ces trois navires combattent aujourd’hui pour la soi-disant Union.
………………….
 "  Quatre cents des émigrés arrivés par le Bellona sont aussitôt entrés dans l’armée ; de cette manière 400 habitants de Boston ont été libérés du service militaire.
"  La plupart des nouveaux arrivés connaissent l’usage des armes, et plusieurs d’entre eux ont déjà fait la guerre. On espère qu’ils rendront des services importants à notre cause. Ces hommes, appartenant à des nationalités différentes ; ont été réunis en Belgique par un nommé Julian Allen, ancien colonel de la légion polonaise à New York… Celui-ci est parvenu à trouver en trois semaines de temps 600 hommes ; car les recrues s’obtenaient sans aucune difficulté. Lorsqu’on apprit à Anvers que M. Allen acceptait des volontaires et se chargeait de les faire transporter au delà de l’Océan, la nouvelle s’en répandit partout et les hommes accoururent de tous côtés.
"  Exaltés par l’idée d’aller en Amérique, un grand nombre d’entre eux se mirent à marcher en procession, portant, en guise de drapeaux, de vieux chiffons attachés à de longs bâtons. C’était comme une nouvelle bande de gueux. Le gouvernement belge ne voulut permettre l’embarquement des émigrants qu’après un examen préalable et minutieux ; il exigea même la signature d’un certificat par lequel chacun d’entre eux déclarait partir de son plein gré. L’original ou la copie de ce certificat devait être déposée à la douane, autrement l’embarquement sur le Bellona était refusé. Par ce contrat les signataires s’engageaient à faire tout ce qu’on exigerait d’eux dès leur arrivée en Amérique ; les employés belges leurs demandaient s’ils comprenaient la nature de l’engagement et s’ils avaient l’intention de s’y conformer. Après une réponse affirmative à ces questions, la signature était acceptée. Plusieurs Belges ne sachant pas signer leur nom, cette formalité fut remplie par les employés de la douane, qui en même temps faisaient savoir aux émigrants qu’ils allaient en Amérique et qu’il fallait qu’ils fissent leur devoir. Ce fut le 6 juillet que le départ du Bellona eut lieu. Deux ou trois cents hommes qui se trouvaient sur les quais auraient voulu passer à bord du navire, mais les autorités belges refusèrent de laisser partir un plus grand nombre… Tous les jours, pendant la traversée, un jeune officier polonais faisait faire l’exercice aux émigrants.
"  Ceux qui ont été déposés à Deer Island se sont présentés au rendez-vous militaire indiqué et, après examen, ils ont été aussitôt incorporés. Ils appartiennent presque tous à la classe du petit peuple, sans autre avoir que la somme qu’ils auront reçue comme prime d’engagement. Cette émigration continue. Nous nous attendons de jour en jour à voir arriver un autre vaisseau avec une nouvelle cargaison. Ces faits sont parfaitement connus en Europe, et ce nouveau système d’émigration, qui a été développé par les besoins et par l’activité des habitants de Boston, paraît être en pleine voie de réussite. On n’a fait jusqu’ici aucun effort sur le continent pour faire cesser ce genre de recrutement.

La police d’Anvers réagit aux allégations du Journal de Bruxelles, minimisant l’enthousiasme décrit dans l’article de ce journal. La majorité des émigrants étaient étrangers : Allemands en majorité avec des Français et des Suisses, les Belges n’étant qu’en petite minorité. La police ajoute qu’aucune autorité n’avait empêché quiconque d’embarquer et chose intéressante, donne le détail des "  expéditions d’individus enrolés par le Colonel Allen " 

 
Il est a noter que ces expéditions, commencées en juillet, n’auraient été qu’au nombre de trois et se seraient arrêtés après le départ du Peter Godefroid. Il semble que faute de volontaires ou inquiets de voir leurs activités dévoilées, les acteurs de ce recrutement aient préféré s’éloigner. Il se peut aussi que le nombre de "substitutes" demandés au Massachussetts ait été atteint. L'Evening Post parle de 700 à 800 volontaires regroupés à Anvers avant le départ du Bellona, ce qui correspond au nombre de passagers des trois navires envoyés sur Boston. La police d’Anvers signale qu’au moment de son enquête (16 septembre 1864), le Colonel Allen n’est plus en ville. Elle retrouvera sa trace à Boston, où il est rentré.
Des nouvelles du devenir des " soldats-émigrants "  viendront des Etats-Unis. Un article du Courrier des Etats-Unis est repris par plusieurs journaux belges, le 11 octobre 1864 :

NOUVELLES D’AMERIQUE
On lit dans le Courrier des Etats-Unis :
La Nouvelle-Angleterre a été la dernière à renoncer à la traite des noirs, mais elle a l’honneur d’être la première à inaugurer celle des blancs.
Les républicains font honneur à son patriotisme des soldats qu’elle a envoyés contre le Sud : il serait bon d’examiner par quels moyens elle se procure des hommes. Non contente d’exploiter l’Irlande, où M.Seward soudoie des journaux pour décevoir les Irlandais, elle a jeté ses vues sur l’Allemagne et la Belgique.
Les agents fédéraux trompent de malheureux ouvriers, qu’ils font passer aux Etats-Unis sous prétexte de leur procurer du travail ; une fois arrivés, on leur fait endosser l’uniforme, et ce sont toujours les premiers qu’on envoie à la boucherie, parce qu’on n’a pas lieu de compter sur leur bonne volonté.
Nous avons reçu hier la lettre suivante :

"  New-York, 20 septembre 1864.

"  Monsieur le rédacteur,

"  Cédant aux sollicitations d’un certain Louis Dochez, agent d’émigration pour les Etats-Unis, à Bruxelles, et protégé par les consuls fédéraux, nous nous sommes embarqués pour Boston à bord du Peters-Godfrey. Nous vous envoyons ci-joint le prospectus en français et en flamand, qui nous a été remis et qui contient les fausses promesses à l’aide desquelles on nous a fait partir. Pas une n’a été remplie. A bord, on nous a traités comme des chiens. On nous avait fait vendre nos vêtements en Belgique, sous prétexte qu’on nous en fournirait d’autres, et on n’en a rien fait. Plusieurs d’entre nous sont arrivés littéralement nus à Boston. On ne nous donnait à manger qu’une fois par jour, et quelle nourriture !
"  A Boston, on nous a fait cadeau d’une chemise, puis on a voulu nous faire signer un engagement écrit en anglais. Heureusement, plusieurs victimes de l’émigration qui nous ont précédés avaient écrit sur les murs, en français et en flamand : ne signez pas. Plusieurs centaines d’entre nous, voyant qu’on les abandonnerait, se sont résignés, et ont signé. Aussitôt la police s’est emparée d’eux, et les voilà soldats. D’autres, au nombre desquels nous sommes, se sont refusés à obéir : nous sommes venus pour travailler, et non pour nous battre. Enfin, nous avons obtenu d’être transportés à New-York, et on a bien voulu nous y donner sept piastres, après quoi on nous a laissés à nous-mêmes dans une ville étrangère.
"  Nous voudrions que ces faits fussent connus, afin d’empêcher nos compatriotes de tomber dans le piège qui leur est tendu. Il est malheureusement trop tard pour nombre d’infortunés déjà en route sur des navires qui nous suivent.
"  Nous avons l’honneur, etc, etc.

Antoine STAS
Jean-Baptiste DEWITT
J.-B. AVART

Magloire DELATTE

Voici maintenant le prospectus répandu par les agents fédéraux parmi les ouvriers belges. Il est entre nos mains :

" Pour ceux qui désirent aller résider aux Etats-Unis d’Amérique :
" On demande des " célibataires " de 21 à 40 ans pour émigrer aux Etats-Unis.

Conditions :
" L’engagement est contracté pour trois ans à dater du jour de l’arrivée aux Etats-Unis. Les frais de voyage et de nourriture depuis le lieu de résidence en Europe jusqu’au lieu de destination sont fournis gratuitement aux émigrants. A leur arrivée aux Etats-Unis, ils reçoivent une gratification de 100 dollars, équivalents à 500 fr. Leur salaire mensuel est de 12 dollars, équivalent à 60 fr., et en outre on s’engage à les nourrir, les habiller et les loger pendant trois années.

" Pour plus amples informations s’adresser à Louis A. Dochez, bureau d’émigration, 2, rue de Brabant, Bruxelles. "

Le Courrier des Etats-Unis continue en s’indignant du sort réservé à nos malheureux compatriotes engagés de telle façon. Quelques jours plus tard la même lettre est reproduite dans au autre journal belge, l’Office de Publicité qui ajoute :

Antoine Stas est un ouvrier tisserand, ainsi que Magloire Delatte ; Dewit est peintre en bâtiments ; Avart, mécanicien-charpentier ; à la date du 20 septembre, tous quatre résidaient à New York, 7, Walker street, et la presse faisait un appel à la charité publique en leur faveur.

Le 26 septembre, le Courrier des Etats-Unis recevait une seconde lettre ainsi conçue :

" Monsieur le rédacteur,

" J’ai l’honneur de porter à votre connaissance un fait semblable à celui que j’ai lu dans votre numéro de mercredi.
" Le trois-mâts Guerland, parti d’Anvers pour Boston avec 254 passagers engagés comme ouvriers, est arrivé le 29 août et a jeté l’ancre à une demi-heure du port. Là, il a été rejoint par trois vapeurs à bord desquels se trouvaient des soldats fédéraux. Les passagers belges et français qui, d’après la promesse des embaucheurs, outre leur passage payé, devaient recevoir en avance sur leurs travaux une somme de cinq cent francs et le prix hebdomadaire ordinaire, furent sommés de signer une pièce en anglais qui n’était autre qu’un acte d’engagement. On les prévint qu’ils n’avaient plus droit à la nourriture à bord, et qu’après avoir signé ils passeraient sur les vapeurs qui les conduiraient au lieu où ils devraient travailler et où les attendait leur dîner. Ils demandèrent à débarquer à Boston, ce qu’on leur refusa catégoriquement.
" Après vingt-quatre heures de résistance, car ils craignaient quelque ruse, poussés par la faim, entourés de soldats, la plupart, c’est à dire 220, signèrent et furent transportés au fort où on leur fit endosser l’uniforme malgré leurs protestations. Pour toute réponse, on leur montra leur engagement et on leur donna cent dollars.
" Trois de ceux qui avaient signé, un Français et deux Belges, persistèrent dans leur refus de marcher et furent mis aux fers sur une ile qui est proche ; ils doivent y être encore. Ce sont les nommés Sincrit, Français, Albrecht et Verheyden, Belges.
" Quand aux trente et un autres, ils refusèrent de signer malgré toutes les menaces, et se firent débarquer à Boston à leurs frais, d’où ils se dirigèrent sur New-York. Ils se trouvent dans le plus entier dénuement.
" Ainsi l’embaucheur, ou plutôt le pourvoyeur des bouchers républicains du Nord, aura empoché 100 dollars par homme, ce qui fait une somme assez ronde, et l’on viendra nous dire que le gouvernement de Washington n’est pas le complice de ces infâmes trafiquants !
" Il me semble que de tels faits, si souvent répétés, devraient ouvrir les yeux des puissances européennes, et que le gouvernement de Lincoln devrait être mis en demeure, non seulement d’arrêter un tel commerce et d’en punir les auteurs, mais encore de rendre toutes les victimes de ces misérables. Dieu seul en sait le nombre et combien déjà ont vécu !
" Faites, monsieur le rédacteur, l’usage que vous voudrez de cette lettre.

Agréer, etc.

Auguste de Montargis

" P.S. – les faits que je vous ai relatés sont basés sur des dépositions authentiques et deux témoins sont encore ici à ma connaissance, MM Michiels et Leroy. "

 
Quand a ceux qui ont signés, certains se retrouvent dans le 32e Massachusetts. Une lettre venant d’une de ces recrues, John V. (vraisemblablement Jean Vets) est publiée en Belgique dans un journal flamand.

Un monsieur de notre ville nous adresse la lettre suivante en nous priant de la publier dans nos pages. Nous y avons éliminé les éléments personnels qui concernent sa famille.

Washington, D.C. 8 octobre 1864
A 1 heure de Petersburg,

Papa et Maman G. et enfants,
La vie de soldat dans ces régions n'est pas celle de la Belgique. Ici nous n'avons pas ces bonnes casernes, ce bon lit ni cette bonne nourriture. Oh, non ! certainement pas. Bien que la paie est plus importante elle ne se fait parfois que tous les 2 ou 6 mois. Et encore, cela ne représente pas grand chose, car on ne peut rien faire ici avec de l'argent.
Le 1er septembre, j'ai été habillé (j'ai reçu mon uniforme) et le 3 nous étions déjà envoyé au feu.
Ici il n'y a que des bois. Nous sommes en Virginie, dans ces forêts qui n'ont pas été planté par l'homme mais qui existent depuis le début du monde et c'est là-dedans que nous nous battons.
Sur ce court temps, j'ai déjà parcouru : Boston, Gallop's Island, New-York, Philadelphie dans l'Amérique du Nord; et dans le Sud : Alexandrie, conquéri sur la Virginie, à 14 lieus de Washington, capitale de l'Amérique du Nord, où j'ai été aussi; là il y a un palais rond du président, entièrement en marbre, tout ce qu'il y a de plus beau. De là vers Fortsnoord, place que nous avons conquise le 7 octobre; ensuite la bataille du chemin de fer qui mène à Petersburg, le 21 octobre, qui fut une très grande bataille.
Là nous avons combattu avec 100.000 hommes contre 500.000, et le Sud s'est enfui. De tous les côtés il entendait des tambours et des trompettes et il pensait qu'il y avait des troupes partout. Nous avançons chaque jour. Ici nous
sommes 12.000 Belges et Français, tous anciens sous-officiers et officiers. Se sont tous de simples soldats comme moi. Dès que je saurai écrire l'anglais, je serai nommé sergent, a dit mon capitaine. J'espère être officier dans l'année.
Si vous connaissez des gens qui veulent venir ici, dites-leur de ne jamais le faire par une compagnie, parce qu'ils ne seront pas traités correctement, comme cela a été le cas avec moi. Nous avons eu 46 jours de traversée et du mauvais temps. Nous avons été débarqué sur une île et livrés à la police. Là, j'ai reçu 100 dollars ce qui fait maintenant 200 f. Nous recevons maintenant 16 dollars par mois en or, qui ont leur valeur, mais pas le papier. Ce que vous avez en Belgique pour 1 fr. coûte ici 5 dollars en papier.
Celui qui veut venir en Amérique pour devenir soldat doit s'assurer d'avoir 250 fr. en poche et doit ensuite se rendre à New-York. Là, on donne pour un homme 1.000, 1.500, 2.000 ou même 3.000 dollars pour un an. Si c'était à refaire,
je le ferais autrement, j'aurais fait un remplacement de 2 ans pour 4.000 dollars et, une fois retourné en Belgique, j'aurais pu disposer d'une fortune de 20.000 fr.
Demain, le 9 novembre, nous attaquerons Petersburg. Dieu nous aidera et si nous mettons la mains sur Petersburg, nous marcherons sur Richmond et si nous prenons Richmond avant l'hiver la guerre sera finie. Il fait maintenant
encore plus chaud qu'en été en Belgique. Nous sommes tous noirs, brûlés par le soleil. Le canon tonne et il pleut des balles. Nous sommes à une heure de distance de Petersburg.
Mon adresse : sir John V. soldier 32 reg. volt. infant. Massachusetts.
Washington D.C.

( D.C. signifie 'en guerre'. - Nous recevons 8 pommes de terre pour 4 jours, beaucoup de viande fraîche, du lard, des biscuits, du pain, des oignons, du poivre, du sel, du café, du sucre, du whisky, des haricots, du riz, de l'orge, du maïs, des pommes, des oeufs.)

 
Quelques semaines plus tard, c’est au tour des belges du Bellona de donner de leurs nouvelles. Copie d’une deuxième lettre envoyée par eux à Anvers est remise au ministère des Affaires Etrangères :

Devant Petersburg, 17 octobre 1864
Monsieur Frederick,
Comme vous avez reçu des nouvelles et les portrets(sic) de Jan Vandenende et Guffens, je vous laisse savoir à mon tour que Jan Vandenende est mort par une balle qui lui traversa la tête. Je l’ai vu tomber mort et j’ai eu le temps de prendre sa montre. Quand à Guffens il est resté en arrière après la bataille. Est-il mort, déserté ou prisonnier de guerre, je l’ignore.
Monsieur Frederick, je vous laisse aussi savoir que des 462 allemands et belges partis par le bâtiment Bellona d’Anvers, nous sommes encore à 47 vivants.
C’est ici une véritable boucherie. A présent, Mr Frédérick, nous allons couper le chemin vers Petersburg et lorsque cela est fini dans quelques jours nous devons prendre d’assaut le ville de Petersburg elle même et alors je ne crois plus qu’il restera encore un seul homme de nous car ce sera une formidable boucherie.
Soyez assez bon pour en faire part à nos amis et les prévenir contre toute idée de vouloir venir ici.

Signé Jacques Vantult.
Europe Belgique
Anvers Grand Place 21
Chez Mr Frederick cabaretier md de cigares.
 

Louis Guffen, de la Comp. K est reporté fait prisonnier à Poplar Spring Church dans les rapports du 35ème Massachusetts, et a disparu depuis. Jacques Vantult (Van Tault) fut transféré le 9 juin 1865, à la fin des hostilités et avec les survivants du 35ème Massachusetts au 29ème Massachusetts, et libéré le 29 juillet suivant.
Le 30 septembre 1864, date ou le régiment subit un engagement violent avec les troupes sudistes, un seul Belge fut tué dans la Comp. B (Vandenende) et trois faits prisonniers (Bongartz, Vanderwanver et Vanleempert). Il y eu 12 prisonniers belges dans la Comp. K. Un compte-rendu de ces engagements fut publié dans les Official-reports
 
Les attaques contre Louis Dochez continuent dans les journaux et rappellent que l’on a déjà reproché à celui-ci la façon dont il avait mené l’année précédente l’embauche de mineurs pour les charbonnages de l’Illinois. Celui-ci réagit et écrit aux journaux.
Convoqué à la Sûreté, Dochez, de sa maison de Willebrouck prend excuse de sa femme, en couches, pour ne pas s’y rendre. Comme justification de ses actes, il communique à la Sûreté copie de deux lettres publiées dans les journaux L’Etoile Belge des 30 octobre et 4 novembre 1864 et de l’Office de Publicité du 4 novembre 1864.
Après avoir dénoncé le Courrier des Etats-Unis comme un journal favorable aux Etats du Sud et où, a la veille des élections législatives aux Etats-Unis, tout est bon pour déstabiliser le gouvernement fédéral, Dochez considère qu’il est de son devoir se disculper aux yeux des lecteurs de la presse belge. Il écrit en date du 26 octobre 1864 :

… pour cela, il suffira que j’expose ma conduite.
" Depuis que j’ai quitté les Etats-Unis (juin 1863), j’ai coopéré en Belgique a deux entreprises d’émigration distinctes.
" L’objet de la première était d’engager des ouvriers pour travailler aux Etats-Unis, et spécialement des mineurs pour le travail des mines de l’Illinois. J’agissais comme agent de diverses sociétés américaines et, entre autres, de celles exploitant les plus importantes mines de houille des Etats de l’Ouest. A cette fin, je me suis rendu à Jemmapes et j’y ai eu un sous-agent.
Un avis aux ouvriers mineurs qui désirent émigrer en Amérique a été publié. Il indiquait les avantages que présente pour les ouvriers le travail houiller dans une contrée de cent lieues du théâtre de la guerre, ou il y a disette de bras, où le salaire est trois fois au moins plus élevé qu’en Belgique et les moyens de subsistance à meilleur marché.
Dans cette affaire, il ne s’est pas agi de service militaire. Aussi, l’Avis, disait-il que " le service militaire n’est pas requis de l’étranger dans ce pays, a moins qu’il ne s’y soumette volontairement ou qu’il ne fasse renonciation de sa nationalité et déclare formellement son intention de devenir citoyen américain. "
Les énonciations de cet avis étaient-elles exactes ? Vous n’en douterez plus, monsieur, lorsque je vous aurai fait connaître l’attestation qui m’a été délivrée par le consul de Belgique à Chicago, M. le docteur Henrotin.
La voici textuellement :

" Chicago, le 10 juin 1863

" Je soussigné, consul de Belgique et docteur en médecine à Chicago, déclare que l’écrit ci-annexé et intitulé " Avis aux ouvriers mineurs qui désirent émigrer en Amérique " ne contient rien qui ne soit généralement vrai et exact.
" Ayant visité moi-même les principales houillères du pays, je puis témoigner particulièrement de leur richesse, de la grande facilité d’extraction du charbon et de l’absence de tout danger de feu grisou, qui est inconnu dans les mines de l’Illinois.
" D’autre part, connaissant personnellement le caractère honorable de M. Louis Dochez et des personnes qui l’ont commissionné, ainsi que l’importance des établissements que celles-ci dirigent, je n’hésite pas à croire que les conditions avantageuses offertes par elles aux mineurs belges seront remplies avec bonne foi et que ces derniers n’auront qu’a se louer du résultat de l’engagement qu’ils pourront contracter avec leur agent.

" Le consul de Belgique
" Dr Henrotin "

Le Consul de Belgique a New York rappelle de son côté que le grief des ouvriers mineurs de l’Illinois était que " le sieur Dochez, en leur disant, au mois de février dernier que 40 dollars faisaient 200 francs, les a positivement et sciemment induits en erreur, puisqu’il ne pouvait ignorer qu’a cette époque le dollar en papier du gouvernement (seule monnaie courante en papier ) ne valait pas 5 francs, qu’il ne valait alors que 3 à 3.50 ". Mais Dochez continue sa lettre :

…La seconde entreprise d’émigration à laquelle j’ai coopéré a commencé au mois de juillet 1864 et a été achevée le sept septembre. Celle-ci avait pour objet de faciliter le transport de Belges désireux de prendre du service militaire aux Etats-Unis. C’est pour cette entreprise que j’ai établi le bureau d’émigration rue de Brabant, 2.
Ici, monsieur, j’ai a répondre à l’accusation d’avoir trompé des ouvriers, de les avoir engagés à émigrer aux Etats-Unis pour les assujettir au service militaire et en leur faisant croire qu’ils émigraient pour trouver du travail. C’est là une accusation odieuse . Avant de l’accueillir, la loyauté exigeait de l’avoir contrôlée. C’est une accusation mensongère. Il n’y a pas un seul émigrant qui s’est adressé à moi depuis la création de mon bureau, rue de Brabant, à qui j'aie ’romis du travail. Tous ceux qui sont partis ont quitté la Belgique avec l’intention et uniquement dans le but de prendre du service aux Etats-Unis. Tous ont su qu’ils ne pouvaient toucher la gratification de 100 dollars promise, recevoir un salaire mensuel de 12 dollars et être habillés gratuitement durant trois années qu’en s’engageant comme soldats.
Voilà ce que j’affirme, monsieur, et je défie qui que ce soit d’apporter la moindre preuve à l’appui de l’assertion contraire ! Voici d’ailleurs la circulaire que j’ai adressée à la plupart des bourgmestres du pays, peu de temps après l’installation de mon bureau et avant le départ des navires qui ont transporté les émigrants dont parle le Courrier des Etats-Unis.

Bruxelles, le 29 juillet 1864.
Monsieur le Bourgmestre,
" J’ai l’honneur de vous informer que si vous avez des hommes valides non mariés, de 21 à 40 ans, qui seraient pauvres et à charge à la commune, vous pouvez, s’ils le désirent, les expédier POUR PRENDRE DU SERVICE AUX Etats-Unis.
" Les conditions suivantes seront remplies à leur égard :
1° Ils s’engagent pour trois ans ;
2° leurs frais de voyage et de nourriture sont payés depuis le lieu de résidence en Europe jusqu’à lexpiration des trois années ;
3° ils reçoivent une gratification de cent dollars à leur arrivée aux Etats-Unis ;
4° ils touchent un salaire mensuel de 12 dollars pendant les trois années de service et on leur fournit gratuitement, pendant toute la durée de l’engagement, tous les habits et autres équipements MILITAIRES ;

Il est strictement nécessaire qu’avant le 6 août prochain, vous me fassiez tenir le certificat de milice ou d’identité de ceux qui partiront. Ceci est pour que je puisse vous expédier les fonds pour payer leur voyage en Europe jusqu’au lieu d’embarquement.
" Agréez, monsieur le bourgmestre, la considération distinguée de votre serviteur.
Louis A. Dochez
Agent pour l’émigration aux Etats-Unis
2, rue de Brabant, Bruxelles

… Enfin, j’offre de prouver qu’au moment du départ des navires à Anvers, les conditions énoncées dans ma circulaire aux bourgmestres ont été à nouveau publiquement répétées aux émigrants et qu’une chaloupe a été mise à la disposition de ceux qui auraient manifesté le désir de rester en Belgique.

arrivés aux Etats-Unis les émigrants étaient parfaitement libres de s’enrôler. La plupart d’entre eux l’ont fait et ont touché la gratification de 100 dollars. Quelques uns ne l’ont pas voulu, et parmi ceux-là figurent ceux qui, s’il faut en croire le Courrier des Etats-Unis, se plaignent de ne pas avoir reçu la gratification ni les habits militaires ni les autres avantages promis. Cette plainte n’est-elle pas absurde ?
Comment aurait-il été possible aux personnes dont j’étais l’agent de fournir gratuitement le passage et la nourriture jusqu’aux Etats-Unis et de payer une gratification de 100 dollars à chacun des émigrants, et ceux-ci, revenant sur une résolution par eux librement prise ne peut être touchée ?
L’entreprise à laquelle se sont livrées les personnes qui m’ont constitué leur agent n’est autre chose, Monsieur, qu’une entreprise de transport. Elle trouvait la légitime rémunération de ses frais dans le partage de la prime payée par les Etats-Unis à ceux qui s’enrôlent. Le gouvernement belge, de même que celui des Etats-Unis, y est resté étranger….

Dochez justifie cette entreprise uniquement privée par son caractère légal, qui n’est pas interdite en Belgique ; aussi par le caractère de la cause défendue par les Etats-Unis qui veulent réprimer la rébellion d’une partie de leurs Etats ; aussi que des troupes sont levées en Belgique pour le Mexique en cette année 1864 sans autrement poser problème. Il continue :

… Sans doute, ceux qui s’enrôlent dans l’armée fédérale courent de grands dangers. Ils prennent parti dans une lutte sérieuse, meurtrière, et qui peut durer longtemps encore. Tout le monde sait cela. Mais ceux qui veulent embrasser la carrière militaire seraient-ils bien venus à se plaindre d’avoir à faire la guerre ?
Enfin, au point de vue de l’intérêt belge, je dirai que je n’ai sollicité du gouvernement aucune faveur ; que je n’ai pas enlevé un seul homme a notre armée ; que la plupart des hommes qui ont répondu à mon appel, bien que valides, étaient dénués de toutes resource ; que Dewit, un des signataires de la lettre au Courrier des Etats-Unis, sortait de la Cambre ; que Stas, un autre signataire de la même lettre, sortait de l’établissement semblable qui existe à Mons…

 Quand aux plaintes sur la nourriture, il précise qu’elles sont sans fondement, vu qu’il y a des règlements qui existent sur la qualité de la nourriture à donner aux émigrants, et que l’autorité publique veille strictement à l’exécution de ces règlements.

Dochez continue sa polémique avec l’Étoile Belge et quelques jour plus tard, fait a nouveau insérer une réponse, par voie d’huissier, suite aux attaques de ce journal qui le traitent entre autres d’ " exploiteur de chair humaine ". Il conclut sa lettre en disant :

… quelle confiance pouvez vous inspirer [ à vos lecteurs ] en disant que les Belges qui vont combattre les esclavagistes du Sud, " sont menés à la boucherie comme un troupeau d’esclaves " après avoir dit que ceux qui vont se faire tuer en combattant les Mexicains rappelleront " les glorieuses gardes wllonnes qui ont porté si haut à l’étranger, le renom militaire des Belges ! "

dans sa lettre à l’Office de Publicité, l’autre journal qui a mené campagne contre les recrutements instaurés par Dochez, il précise aussi qu’il ne pouvait pas faire signer un engagement militaire aux personnes qu’il recrutait, que seul un gouvernement peut le faire et il répète que son entreprise était uniquement privée et ne s’occupait que du transport de ces volontaires.

Quand à l'enquête menée au ministère des affaires étrangères, elle aboutit aux conclusions suivantes :

... une enquête à eu lieu et en voici les résultats :

Bastien et d'autres prétendent qu'ils se sont engagés à Hambourg pour travailler dans leurs professions respectives et non pour être soldats. Or, il est certain que les agents du gouvernement les ont bien informés, avant leur départ à Anvers et à Hambourg, qu'ils seraient soldats et que si l'un ou l'autre voulait ne pas s'embarquer, il pouvait parfaitement le faire.
A leur arrivée à Boston, le docteur militaire chargé d'examiner les recrues les avertit en français et en allemand de l' importance du serment qu'ils allaient prononcer ( c'est le serment qu'ils prêtent en s'engageant). Ils lui ont déclaré qu'ils savaient for bien qu'ils étaient venus en Amérique pour être soldats, bien que cela ne put être dit dans le contrat qu'ils avaient signé avant de s'embarquer, de crainte de difficultés internationales. Le docteur ajoute que ceux qu'il était obligé de repousser comme impropres au service, voulaient aller avec les autres parce qu'ils disaient qu'ils n'étaient pas venu pour travailler, mais pour être soldats
.
Le colonel King, intendant du recrutement fait ressortir combien il serait absurde de supposer que les émigrants seraient assez simples pour s'imaginer qu'on dépenserait 64 piastres pour leur voyage et qu'on leur donnerait un accompte de 100 piastres uniquement pour venir en Amérique travailler à leur métier. On ne les aurait donc pas avertis qu'ils n'avaient encore pu ignorer pourquoi on les engageait. D'ailleurs le docteur est un homme trop honorable pour ne pas être cru sur parole.
Le gouverneur du Massachusetts transmet le rapport du docteur et du Colonel à Mr Lewen et conclut que les plaignants connaissant avant leur départ qu'ils devaient être soldats sont mal fondés à se plaindre...