Malli 1855
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Rapport : Adressé à M. le ministre des affaires étrangères, 
Par M. Adolphe Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, 
Sur l'émigration aux Etats-Unis.
 
Bruxelles, 
Imprimerie de Deltombe, 1856

Adolphe PONCELET

Neufchâteau, 15 mai 1819
-
Blue Island (Chicago), Ill., 
15 mai 1857

 

 

MISSOURI

Colonie flamande près de Jefferson city

INDIANA

Cloverdale : dans le village et environ, seulement 4 familles allemandes du Luxembourg cédé et deux des environs d'Arlon; les autre ont quitté ce poste pour se diriger sur New Albany et sur l'Illinois.

Bloomington : 8 familles allemandes du Luxembourg cédé et du Luxembourg belge. La plupart de ces gens possèdent des lots de terre de 40, 60, 80 et 120 acres en partie défrichés et le reste en bois. Dans la partie défrichée il n'y a que bien peu de terres qui soient complètement débarrassées des souches. Ces gens vivent mais rien de plus. Ce qu'ils récoltent au-dessus de leurs besoins suffit pour subvenir aux frais du ménage et à leur entretien. Leur position changera et s'améliorera quand ils auront une plus forte partie de terre à cultiver.

Bedford : 4 familles belges du canton de Florenville(Luxembourg) et 15 familles françaises. Les Belges de Bedford, ceux qui ont voulu travailler, se félicitent d'être venus en Amérique. Ce sont des cultivateurs et des ouvriers cultivateurs. Leur position paraît aisée, la première année ils ont gagné, en travaillant au chemin de fer, de quoi pouvoir s'acheter un lot de terre et se construire une maison en bois. Bedford est un beau village agréablement situé et traversé par le chemin de fer; les terres sont bonnes, les bois de toute beauté, mais les premiers travaux de défrichement sont durs et pénibles; le village a maintenant 1,200 habitants.

New Albany : en ville et dans les environs, 27 familles belges toutes du Luxembourg, des cantons de Virton, Etalle et Arlon, et environ 20 jeunes gens. Ces derniers, pour la plupart, n'ont pas de résidence fixe; quelques uns d'entre eux, tant que le fleuve est navigable, sont employés sur les nombreux steamboats qui descendent de Pittsburgh, Cincinnati et Louisville à la Nouvelle-Orléans ou qui remontent de cette ville dans les précédentes; ces ouvriers gagnent par semaine 6 à 8 dollars. Et la nourriture; en hiver ils sont occupés dans les boucheries de viandes d'exportation à Louisville, Portland et New Albany. D'autres, parmi ces jeunes gens, travaillent en ville ou dans les fermes environnantes où ils gagnent 10 à 12 dollars par mois et sont nourris. La plupart des familles belges établies à New Albany et ses environs sont dans une position qui paraît assez aisée; celles qui sont arrivées avec un certain capital et qui ont voulu travailler, se sont créées une position stable, celles qui sont arrivées pauvres et dénuées, sont à peu près dans la même position qu'en Belgique sauf qu'elles gagnent plus d'argent… A New Albany il y a 4 ou 5 familles qui font le commerce d'épiceries, de boissons, etc. pami elles 2 possèdent des fortunes de 12,000 à 15,000 dollars, mais elles les ont autant acquises par la spéculation qur les lots de terre que par leur commerce.

Il y a cinq ans, New Albany n'était qu'un village; depuis cette époque, il a pris de l'extension; il a maintenant de 5,000 à 6,000 âmes…

Léopold : voir page web

Rapport : Adressé à M. le ministre des affaires étrangères, Par M. Adolphe Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, Sur l'émigration aux Etats-Unis. Bruxelles, Imprimerie de Deltombe, 1856

KENTUCKY :

Portland : sur la rive droite de l'Ohio, vis à vis de New Albany avec laquelle elle est mise en communication par des bateaux à vapeur dits ferrys, qui de 15 en 15 minutes, font la traversée d'une rive à l'autre…

Plusieurs Belges exercent dans cette ville les professions de boulangers, épiciers, merciers, débitants de boissons et briquetiers… Il y a tant en ville que dans les environs, quinze familles belges provenant des cantons de Florenville, Etalle, Virton et Neufchâteau(Luxembourg), et douze à quinz jeunes gens sans famille. Ces derniers sont occupés de la même manière que ceux de New-Albany.

Louisville : Cette ville a 80,000 âmes. Il y a peu de Belges; je n'y ai rencontré que vingt familles des cantons de Virton, Etalle, Palizeul et Neufchâteau, province de Luxembourg. Plus de trente familes allemandes; tant de la partie cédée que de la partie belge de cette province. Parmi elles, plusieurs tiennent des débits de tabac, de boissons, d'épiceries, de merceries et des pensions pour ouvriers.

Rapport : Adressé à M. le ministre des affaires étrangères, Par M. Adolphe Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, Sur l'émigration aux Etats-Unis. Bruxelles, Imprimerie de Deltombe, 1856

WISCONSIN

A Cenosha et à Racine je n'ai pas rencontré de Belges, il ne paraît même pas qu'aucun Belge se soit jamais établi dans ces localités ou dans les lieux environnants.

A Milwaukee je n'ai vu que 8 Belges, tous ouvriers, peintres en bâtiments, maréchaux ferrants, menuisiers et manœuvres.

A Waukesha, à 20 milles de Milwaukee, j'ai trouvé 2 familles belges en ville, et à un demi-mille de la ville, une ferme occupée par un Belge de Mussy-la-Ville, canton de Virton(Luxembourg). Cet homme peut être cité comme exemple à nos colons et à tous les émigrants en général. M. Davigneaud, après avoir été pendant 20 ans commerçant à Paris, a su, en touchant le sol américain, se faire Américain, il a laissé de côté toutes les illusions d'Europe; aidé de son fils, de son beau-frère et de quelques ouvriers, il a travaillé comme un vrai pionnier américain. Depuis 3 ans il a défriché 40 acres : fait en si peu de temps et avec aussi peu de bras, ce défrichement est le plus grand que j'ai rencontré dans tous mes voyages. La ferme a 180 acres, dont 160 en cultures et prairies et 20 acres en bois de réserve; elle peut être citée comme exemple par son bétail, la bonne tenue, la grandeur de ses bâtiments, ses granges, ses écuries et ses remises. Le temps d'épreuve est passé pour le propriétaire, et il serait à désirer que tous les émigrants l'imitassent.

A Port-Washington, à 60 miles de Milwaukee, commence la vraie partie de l'émigration blege au Wisconsin. Cette ville, qui date à peine de quelques années, a déjà une population de 4,000 habitants, parmi lesquels se trouvent 50 familles belges, toutes du Luxembourg belge et du Luxembourg cédé; ces familles exercent des métiers, états ou professions: il y a deux brasseurs, un fabricant de tonneaux employant 6 ouvriers, des marchands épiciers et merciers, des aubergistes, des teneurs de pensions, des débitants de boissons et des marchands de bois. Tous vivent à leur aise et paraissent contents, la plupart ont des fortunes de 5,000 à 12,000 et jusqu'à 20,000 dollars; ils se disent tous très heureux d'être venus se fixer à Port Washington.

Town Belgium (où la petite Belgique, comme ils disent) située à 6 milles de Port-Washington et à 8 milles de Town Fredonia est composée de deux townships (72 milles carrés) entièrement occupés par des Belges, tous Luxembourgeois des environs d'Arlon et d'Etalle; il y a sur ces deux postes trois familles irlandaises, pas une seule américaine et 450 familles belges, toutes établies sur des lots de terre de 80, 120, 160 et 320 acres; quelques unes même possèdent une section entière, 640 acres(256 hectares).

Ces colons, pendant les premières années, ont eu a endurer beaucoup de privations, de misères, de maladies, et ont dû travailler d'une manière très pénible; ce qui a été cause que la mort a fait tant de ravages parmi eux; aujourd'hui leur position est améliorée, les deux colonies sont en voie de prospérité, les fermes ont d'assez grandes parties défrichées et mises en culture, les récoltes y sont assez belles, malheureusement toutes sont situées dans la forêt vierge; il n'y a pas de prairies, les souches des arbres abattus restent encore toutes debout et devront y rester encore longtemps avant de pouvoir être extraites. Les forêts de cette contrée sont moins élevées, les arbres y sont moins gros et moins serrés que dans les forêts de l'Indiana et du Kentucky, qu'à Leopold (Ind.) surtout, le bois n'y est pas un embarras comme dans cette dernière place, car les fermiers peuvent toujours et en tout temps l'écouler facilement et presque sans frais à Port-Washington, ou ils le vendent aux nombreux steamboats qui relâchent journellement dans ce port.

La plupart des fermiers établis à Belgium et Fredonia depuis 10 ans et même moins sont à l'aise et gagnent beaucoup d'argent; la fortune de plusieurs est estimée de 15,000 à 40,000 dollars, leurs fermes, leurs maisons, leurs granges sont bien tenues et très vastes les fermes défrichées à moitié et à 2/3(les souches restant) sont estimées aujourd'hui de 20 à 40 dollars l'acre; les terres de l'Etat qui restent à vendre peuvent encore être achetées à 1 dollar 1/4 l'acre(1.25 l'acre). La plupart des bonnes positions sont prises; chaque fermier a un bétail assez nombreux, mais pas aussi nombreux qu'il pourrait l'être s'il y avait des prairies naturelles comme dans l'Illinois et l'Iowa.

Tous ces émigrants ont conservé les mœurs et les usages du pays et vivent mieux qu'ils ne le faisaient en Belgique. Pour n'en citer qu'un exemple : dans presque toutes les fermes passables on vous offre du vin, de l'absinthe, de la bière, du cognac de choix et abondamment; toutes ces boissons leur étaient pour ainsi dire inconnues en Belgique, ici elles sont de luxe et coûtent fort cher.

Ils élisent et choisissent parmi eux leurs maire, alderman, juge de paix et constables, et sont à peu près les maîtres dans les élections du comté…

Sur la fin d'août 1853, six familles composées de 28 personnes partirent du canton de Wavre et vinrent s'établir à 15 milles de Green-Bay. Ces émigrants s'étaient rendu dans le Wisconsin d'après les conseils de M. Vleugen, pasteur protestant, résidant à Biez, canton de Wavre; à leur arrivée, M. Damme, prêtre catholique, né à Diest, leur montra les terres du gouvernement. Ce prêtre a rendu et rend encore chaque jour de grands services à nos colons; sans lui les premiers arrivants n'auraient su où se placer, car à leur débarquement, à green-bay, les agents spéculateurs s'étaient emparés d'eux et voulaient leur vendre des terres en leur disant qu'il n'y avait plus dans la contrée de terres de l'Etat à vendre.

Ces six familles, quelque temps après leur arrivée, adressèrent des lettres de remerciement à M. Vleugen, et invitèrent leurs parents et leurs amis à venir lesrejoindre. La population actuelle est de 800 âmes; il paraît que beaucoup d'émigrants sont encore en route ou se disposent à partir pour rejoindre les Belges de Green-Bay.

La colonie est établie à 15 miles de la ville de Green-Bay, sur les townships 24 et 25, rangs 22 et 23, dans les Brown et Kewaunee Counties; elle occupe 29 sections(la section, 640 acres) ou environ 1,610 mètres de chaque côté faisant à peu près 256 hectares, dont 20 sections dans le Brown County, et 9 sections dans le Kewaunee County; les 29 sections ne sont pas toutes occupées, les colons ont choisi parmi elles les terres qui leur semblaient les meilleures, ils les ont payéeset les payent encore 1/2 dollar l'acre(40 ares).

Les premiers colons ont choisi les plus mauvaises terres des deux townships; la première année ils ont eu beaucoup à souffrir du choléra et autres maladies. Sur une population de 76 personnes, il en est mort 7. Il serait nécessaire d'arrêter l'émigration sur ce point et de la détourner de cette voie; ce serait un service réel rendu à nos émigrants que de les engager à ne plus se rendre à Green Bay, dont la situation est des plus mal choisie.

Tout le terrain est forêt vierge, sans prairies, le sol est couvert d'énormes chênes et de sapins plus énormes encore, et tellement rapprochés en plusieurs endroits, que les racines s'entrelacent et qu'il est impossible de poser le pied sur la terre nue…

les colons peuvent tirer parti des sapins qui se fendent bien, en les débitant en bardeaux (ardoises de bois) qu'ils écoulent tant bien que mal; ce peut être un avantage en ce sens que ceux qui arrivent avec peu de fonds, peuvent acheter 40 acres pour 20 dollars, bâtier une maison de blocs pour s'abriter et qu'alors, si leurs fonds sont épuisés, ils peuvent faire du bardeau; avec le produit de cette marchandise ils gagneront presque assez pour subvenir à leurs besoins; ils parviendront quelquefois à économiser quelques dollars, avec lesquels ils  gagneront presque assez pour subvenir à leurs besoins, ils parviendront quelquefois à économiser quelques dollars, avec lesquels ils feront des provisions pour le temps qu'ils emploieront à abattre les premiers acres de forêt. Les jours de pluie et tout l'hiver (qui est long et dur dans cette contrée), ils feront du bardeau, mais l'avantage qu'ils peuvent  retirer de cette industrie n'est nullement compensé, car les énormes souches de sapin, qui ont été débitées en marchandise, et celles des sapins qui ne sont propres qu'au sciage (ceux‑ci sont les plus nombreux) restent de 15 à 20 ans avant d'être pourries complètement, et avant de pouvoir être extraites ; la taille des souches se recouvre, dès l'abatage, d'une épaisse couche de résine qui empêche l'eau de pénétrer dans les souches, et les conserve pour ainsi dire dans leur état primitif pendant de longues années. Outre ces inconvénients; le sol, sur une étendue assez grande, est tellement pierreux en plusieurs endroits, que ce serait folie de penser à le déblayer. Les pierres seraient plus que suffisantes pour entourer la terre d'un mur d'un mètre d'épaisseur sur plusieurs mètres de hauteur. Ces parties doivent rester boisées. Les terres les plus riches ne produisent guère au delà de 5 à 8 ans sans engrais et plusieurs n'iront pas au delà de 3 à 5 ans à 'en juger par les récoltes actuelles (de première et deuxième année).

Le défrichement de cette colonie est le plus mal Conduit de tous ceux que j'ai vus; nos colons, au lieu d'imiter les Américains et de laisser un tiers des arbres debout; après les avoir cernés, de n'en abattre que ce qui est nécessaire pour que les récoltes n'aient pas trop d'ombre, n'ont rien laissé: Des terres, même celles qui sont ensemencées, sont couvertes de troncs d'arbres, de tas de bois énormes auxquels ils mettent souvent le feu 2 et 3 fois saufs pouvoir parvenir à les brûler; tandis que s'ils avaient imité leurs voisins, cerné les chênes, les hêtres (quant aux sapins le cernage ne les fait pas périr), abattu les petits arbres, puis attendu 6 ou 7 ans pour abattre les arbres cernés, s'ils avaient recoupé au moyen du feu, ils se seraient évité bien du travail et des fatigues, se seraient débarrassés sans peine des arbres qui lés encombrent maintenant; ils auraient pu même laisser sur pied une partie des gros sapins, car, vu l'élévation et le peu de branches de ces derniers, les récoles n'en auraient pas beaucoup souffert.

Les Belges de Green-Bay auraient dû égàlement se placer sur des lignes droites et se serrer autant que possible, au lieu de s'éparpiller sur toutes les 29 sections de sorte qu'il leur est  impossible (et ils ne le pourront peut‑être jamais) d'établir un chemin praticable ou une route à travers la colonie pour aller rejoindre celle de Green‑Bay. Pour mettre ce projet à exécution, il leur faut plus de 10 à 15 ans, à condition qu'ils s'ènrichissent (ce qui est douteux); il leur sera aussi difficile d'en établir une pour rejoindre le lac.

La plupart d'entre eux; pour ne pas dire tous, ne récoltent pas de grain pour leur consommation; beaucoup doivent l'acheter et l'acheteront encore pendant plusieurs années…

 

 

Rapport : Adressé à M. le ministre des affaires étrangères, Par M. Adolphe Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, Sur l'émigration aux Etats-Unis. Bruxelles, Imprimerie de Deltombe, 1856

ILLINOIS :

Chicago renferme peu de Belges : leur nombre et les professions qu'ils y exercent sont indiqués dans le tableau ci-dessous :

Aubergistes

2

Menuisiers

4

Bourreliers, selliers

2

Maçons

5

Boulangers

2

Malletier

1

Charrons

2

Maréchaux(maîtres)

2

Charpentiers

4

Id.(ouvriers)

5

Charretiers

3

Manœuvres et domestiques

10

Débitants de boissons

2

Peintres en bâtiments

6

Confiseur

1

Plafonneurs

5

Ferblantiers

5

Spéculateurs en terres

4

Ferblantiers-poêliers

2

Tanneurs(ouvriers)

3

Géomètres

3

Tailleurs id.

3

Médecins

2

Rentiers vivant des produits de leur maison et jardin

2

Mécaniciens

3

 

 

M. l'abbé Cartuyvels, fondateur de la colonie de Sainte Marie en Pensylvanie, qui habite depuis quatre mois la prairie de l'Illinois où il a les missions de Menteno, Petite Iles, Kankakee et Erable m'a dit qu'il regrettait de n'avoir pas connu plus tôt cette contrée, car il se serait bien gardé de fonder une colonie dans les forêts de la Pennsylvanie où après 6 à 7 années de travail l'émigrant était encore dans un état de souffrance et de dénuement presque aussi grand qu'à son arrivée et que, pendant ce temps, il avait dû travailler comme un nègre pour pouvoir défricher quelques acres de terre.

 

Rapport : Adressé à M. le ministre des affaires étrangères, Par M. Adolphe Poncelet, Consul de Belgique à Chicago, Sur l'émigration aux Etats-Unis. Bruxelles, Imprimerie de Deltombe, 1856

IOWA

Jusqu'aujourd'hui il y a peu de Belges dans l'Iowa, je n'ai rencontré que quatre familles belges à Dubuque et pas une dans les autres localités.

 


(1) Cayuga county : from the censuses : 1 Belgian in 1860, none in 1865