|
INTRODUCTION.
___
La puissance des faits accomplis dissipe de vaines déclamations,
quelque soit leur auteur, comme le vent dissipe la fumée. Les
calomniateurs, les hypocrites et les lâches, traqués et conduits à la
barre du tribunal de l'opinion publique, subissent, alors que ces faits
sont constatés, le supplice de l'éclatante lumière de la vérité.
Cette lumière les brûle, en même temps qu'elle éclaire le glorieux
triomphe de celui qu'ils voulaient assassiner dans les ténèbres.
Par son annexion à l'union américaine, le Texas ne peut être
considéré aujourd'hui, que comme un nouvel état, jouissant des mêmes
lois, droits, privilèges et protection , que les autres provinces des
États-Unis.
|
NOTE ANALYTIQUE
Sur la situation actuelle du Texas, sous le rapport Civil,
Politique , Agricole et Commercial.
___
Voici ce qui a été accompli sous l'administration du général
Houston.
L'Hono. Anson Jones, président de la République en ce moment,
agissait alors comme Secrétaire d'État.
1° La paix conclue avec toutes les peuplades indiennes;
2° L'équilibre dans les finances et les recettes excédant les
dépenses;
3° Le crédit au pair et la circulation de rot et de l'argent établie
à l'exclusion de tout papier monnaie 1;
4° Les banques proscrites;
5° Le domaine public, évalué à plus de 150 millions d'acres de
terre, appliqué au paiement de la dette publique s'élevant à 10 m. de
dollars. Cette garantie est dix fois suffisante dans l'état normal, où
va se trouver le pays par l'annexion;
6° La constitution et la forme du gouvernement, établi à l'époque
de l'indépendance, sauvegardée contre toute commotion civile;
7° L'anéantissement des maraudeurs, ainsi que des prétendus
volontaires, obtenu par un système de prudence et de bonne
administration, sans l'intervention d'aucune force matérielle;
8° La grande famille de l'union américaine, ouvrant ses bras pour
recevoir dans son sein ceux qu'à juste titre elle peut appeler ses dignes
enfants. Ce grand événement n'est que la conséquence de ce qui vient
d'être exprimé et n'aurait pas eu lieu sans ces favorables précédents.
D'après cette courte exposition, le pays semble placé sur une
locomotive à haute pression, marchant dix lieues à l'heure et parcourant
ainsi pendant ses neuf années d'existence, le cercle que nos économistes
d'Europe lui avaient probablement tracé pour une carrière de cinquante
années.
Ainsi que toutes les créations américaines, le Texas, et ses
destinées aujourd'hui fixées par son association à l'union américaine,
étonnera l'Europe; je dis étonnera l'Europe, dans ce sens que, malgré
ses efforts, le vieux monde semble rester stationnaire:, en comparaison de
l'impulsion du nouveau. Ceux qui ont vu et qui peuvent comparer me
comprendront. Quant à ceux qui prétendent apprécier de leur cabinet ce
qui se passe aujourd'hui sur le globe, ils me font l'effet d'aveugles qui
voudraient juger les couleurs.
Le progrès en tout genre est tellement rapide en Amérique, qu'il ne
peut être comparé qu'à une étoile qui file.
L'homme qui a concouru d'une manière si glorieuse à placer le pays de
son adoption au rang des nations, par son génie, occupera le. premier
rang dans l'histoire de l'Amérique septentrionale. Elle dira, que le
général Houston, à la tête d'une population de commerçants et
d'agriculteurs, ne comptant pas plus de trois mille. hommes capables de
porter les armes, sans argent, sans matériel de guerre, a conquis
l'indépendance du Texas, sur une nation de dix millions d'hommes. Qu'il
a, pendant neuf années, maintenu cette indépendance par la force des
armes, sans dissentions(sic) civiles ni politiques. Qu'il a également par
sa prudence, obtenu la reconnaissance de la nouvelle république, par les
Etats-Unis, la France et l'Angleterre; qu'enfin, fort de son exemple, de
ses institutions libres, du courage de ses fiers habitants, le pays est en
paix , à l'extérieur comme à l'intérieur. La population s'accroit,
l'agriculture prospère, le commerce grandit. Rien ne saurait mieux prouver la
vérité de ces faits, que la production du coton, estimée cette année
à cent mille balles, et le revenu de la douane de Galveston, dont la
recette s'est élevée à 190,000 P., en présence de toutes les dépenses
gouvernementales additionnées au chiffre de 440,000 P. seulement.
Malgré le triomphe de sa bataille de San-Jacinto, où toute l'armée
mexicaine, commandée par St.-Anna en personne, a été anéantie,
St.-Anna lui-même fait prisonnier, on ne sait si le général Houston
n'est pas plus grand pendant la paix, qu'à l'époque de la guerre. Dans
tous les cas, le courage et la prudence s'associent chez lui, de manière
à produire un homme très remarquable, même comme orateur, car il
possède le don de la parole à un haut degré.
La guerre du Texas a produit des faits d'armes d'un rare héroïsme.
Ils seront inscrits à côté des plus célèbres de l'antiquité comme
des temps modernes.
FONDATION DE CASTROVILLE.
Pièces officielles
Dont le dépôt est fait chez M. Jaussand , notaire à Paris.
RAPPORT à l'honorable ANSON JONES,
Secrétaire d'Etat de la République du Texas.
Monsieur,
Après avoir terminé mes nombreux, difficiles et dispendieux
préparatifs, j'ai pu quitter San-Antonio le 1er septembre, précédé par
un nombreux convoi, pour me rendre avec une partie de mes colons
disponibles, sur les bords de la Medina, 25 milles Ouest de San-Antonio
même.
Arrivés le 2 , nous avons établi le camp et dans 24 heures chacun
avait dans le fourré du bois, sur le bord de l'eau, une cabane de
feuillage comfortable(sic).
Le 3, les charpentiers se mirent à construire un bâtiment en planches
que j'avais eu soin d'apporter sur des charrettes et dès le 4, j'avais un
magasin renfermant les provisions à couvert, deux chambres habitables et
un hangar en succession offrant un abri temporaire.
Dès le 4 même, des ouvriers mexicains mêlés avec la majorité des
colons se mirent à fabriquer des Adobes (Briques en terre séchées au
soleil) afin de créer les matériaux propres à bâtir les maisons, dont
la dimensions a été arrêtée à 32 pieds de front sur 16 de large.
Le 9, on construisit un hangar pour abriter la Garde de nuit.
Le 10, un hangar commun de 120 pieds de long sur 20 de large fut mis
en construction; il sera terminé le 25, ce qui mettra tout le monde à
l'abri en cas de pluie, au moyen d'une couverture de joncs.
Le 10, un petit jardin fut créé, entouré, mis en culture, et
ensemencé le 14 de plusieurs sortes de végétaux.
Cet élan est un heureux résultat du parti que j'ai dû prendre de
transporter, à mes frais, sur les lieux tous les colons disposés à me
suivre et de les nourrir pendant les travaux de construction de leurs
maisons, comme aussi d'assurer aux nécessiteux des moyens d'existence
jusqu'à la récolte prochaine, ainsi que de leur prêter des boeufs, des
vaches, des charrues, des charrettes, tous les instruments de travail et
des semences.
Monseigneur l'Évêque Odin et I'Abbé Ogé sont venus poser la
première pierre de l'église placée sous l'invocation de St. Louis.
Le 12, l'élection de deux juges de paix et d'un constable ont eu lieu
conformément aux instructions du Grand juge du comté et ainsi une
administration civile se trouve régulièrement organisée.
Des chasseurs de profession soldés par moi pourvoient la colonie de
tout le gibier et de la venaison qu'elle peut consommer.
M. James, arpenteur-adjoint du comté, travaille depuis le 4 à
l'arpentage, qui marche rapidement au moyen d'aides suffisants.
Les calculs les plus probables permettent de compter que, pour octobre,
toutes les maisons seront construites à l'aide des colons de toutes
professions qui m'entourent.
De nouveaux arrivants grossissent les rangs chaque jour. Je suis,
informé que les plus éloignés se mettent en mouvement pour venir me
rejoindre. Ayant importé sept cents émigrants sur sept navires, je dois
compter sur la majorité de ce nombre. Ce concours, joint aux départs de
nouveaux émigrants qui ont dû partir le 1er septembre pour se succéder
jusqu'en mars, doivent former dans moins de six mois un établissement
solide dans le pays du monde le plus riche d'espérances.
Les drapaux(sic) Français et Texien couvrent la pièce de canon, que
votre excellence a bien voulu me confier. Elle ne serait pas une vaine
parade, croyez-le bien,; si les ennemis du pays venaient nous attaquer,
nous saurions défendre notre nouvelle patrie d'adoption avec la même
générosité dont elle a fait preuve en nous recevant dans son sein.
Notre origine est une garantie de courage et de fidélité. C'est un
héritage que nous sommes fiers de léguer à nos enfants.
Voilà où j'en suis après 15 jours d'exécution, préparée par trois
années de sacrifices et de travaux.
J'espère que ma prochaine communication contribuera à tenir vivant,
l'intérêt que vous portez à ma glorieuse entreprise et que vous
continuerez à la protéger avec cet ardent patriotisme qui distingue
votre administration.
J'ai l'honneur d'être,
Votre très-humble serviteur,
H. CASTRO.
Procès-verbal de la prise de possession de la concession faite
par le gouvernement Texien à M. H. Castro, dans le
comté de Bexar.
Nous soussignés, colons engagés en France par M. H. Castro pour partager les avantages de la concession mentionnée ci-dessus, dans les limites assignées par le gouvernement Texien, et exprimées dans un contrat passé entre nous et le dit Castro, déclarons
:
Que ledit H. Castro nous ayant réunis à San-Antonio de Bexar, s'est mis à notre tète pour nous conduire sur les terres qui nous sont assignées; qu'en conséquence nous avons quitté San-Antonio le
1er septembre pour nous rendre sur la rivière Medina, vingt-cinq milles ouest de San-Antonio, où nous sommes arrivés le
2.
Nous déclarons qu'indépendamment de notre contrat de concession et sans y être obligé, ledit Castro nous a fait les avantages ci-après,
pour nous faciliter notre prompt établissement:
1°. Quarante acres de terre à lui appartenant sur la rivière Medina;
2°. Des moyens de transport et notre nourriture assurée jusqu'au moment où. nos maisons seront bâties;
3°. Des boeufs et des charrues jusqu'à la récolte prochaine;
4°. Du maïs et du lard qu'il prête jusqu'à la récolte prochaine;
5°. Des vaches pour en avoir le lait.
Nous déclarons que le sieur John James, arpenteur adjoint du comté de Bexar, nous a accompagnés pour mesurer nos terres.
Nous déclarons que depuis dix jours, que nous sommes rendus à notre destination, nos travaux ont été assez rapidement conduits par une bonne direction, pour nous promettre sous sept ou huit semaines un abri convenable pour nous et nos familles.
Nous sommes satisfaits par l',expérience que nous avons acquise que le climat du comté de Bexar est des plus salubres, que les eaux y sont délicieuses et la terre d'une grande fertilité. Telles sont les conditions sous les auspices desquelles nous nous établissons et qui forment la base de nos espérances.
Nous avons unanimement résolu d'appeler la ville, que nous créons, CASTROVILLE.
Castroville , ce 12 septembre,
1844.
(24 Milles Ouest de San-Antonio).
J. B. LECOMTE |
J. HAGUELIN |
GENTILS |
J. DUCHER |
FRELETTIERE |
XAVIER YOUNG |
J. BOURGEOIS |
BADER |
L. HUTH |
BARTH |
CH. GOUBAUD |
BARTZ |
FAWIE |
JOSEPH LUDWIG |
RESEC, père |
ZACHARII STEPHAN |
FORGEAUX |
JEAN ZURCHER |
BERILEAU |
ULRICH ERATH |
CHAPON |
LÉONARD HANS |
MACLE |
ANTOINE GESELL |
LÉOPOLD MENETRIERI |
ANTOINE HABY |
THÉOPHILE MERCIER |
NICOLAS HABY |
ANT. GOLLY |
JOSEPH OERTEL |
J. B. ISLONG |
GEORGE SIMON |
SCHNEIDER |
JOSEPH BURREL |
GRAF |
JOSEPH WEBER |
HALLER |
ANTOINE RHIN |
HAAS |
L. BURREL |
MONTEL |
JOSEPH HABY |
GASPARD |
J. M. SCHZENBACH |
SPANI |
J. J. MARC |
OVIDE RESEC |
MATHIEU WEBER |
____
Certificat du sieur John James,
Arpenteur adjoint du comté de Bexar.
Nous soussigné, arpenteur juré, adjoint du comté de Bexar, déclare avoir arpenté les terres assignées aux individus qui ont signé le présent procès-verbal. Cet arpentage a été fait conformément aux prescriptions du contrat de concession, passé à Austin le 15 février 1842, entre le gouvernement et M. Henri Castro.
(Signé) JOHN JAMES,
arpenteur adjoint du comté de Bexar.
Légalisation de la signature du sieur John James, par le grand
Juge du Comté de Bexar.
Certificat de monseigneur l'évêque de
Claudiopolis.
Je soussigné, évêque de Claudiopolis, affirme, pour servir à qui de droit, qu'à l'invitation de M. Henri Castro, concessionnaire de terres dans le comté de Bexar, je me suis transporté avec M. l'abbé Ogé, prêtre de mon diocèse, sur la rivière Medina, vingt-cinq milles ouest de San-Antonio de Bexar, à l'effet de poser la première pierre d'une église catholique, qui doit faire partie du premier établissement du dit M. Castro, et que nous avons placé sous l'invocation de St. Louis. Nous avons vu sur les lieux
bon nombre de colons, occupés à construire leurs habitations, et en voie de progrès pour former des établissements solides et permanents.
En foi de quoi, je signe et appose mon sceau au présent.
(Signé) ODIN,
évêque de Claudiapolis, etc. etc.
Castroville, ce septembre 1844.
Vu pour la légalisation de la signature de monseigneur Odin,
évêque de Claudiopolis, etc.
Sceau du
vice-consulat de
France à S. A. de B. |
(Signé) T. GUILBEAU FILS
Agent consulaire de France,
à San-Antonio de Bexar.
|
Vu à la Chancellerie de la légation de France à Galveston pour légalisation
de M. T. Guilbeau, agent consulaire de France à San-Antonio de.Bexar.
Sceau.
___
Proclamation aux colons,
la veille de mon départ pour Washington le 20 novembre 1844.
Mes Amis,
Je vais demain vous quitter pour quelques semaines. Je le fais à regret ; mais votre intérêt le commande et je n'hésite pas.
Vous avez justifié mon attente par votre patience, votre courage et votre travail. La continuation de vos actes assure votre avenir et celui de vos familles. La récompense de mes rudes travaux est dans votre succès. Nos rapports sont devenus ceux d'un père et ses enfants. Notre pacte est fondé sur le travail, base unique de toute prospérité.
La confiance vient de s'établir entre nous d'une manière solide, parce que vous m'avez vu à l'œuvre et que vous avez pu juger de mon dévouement à tout ce qui touche la colonie. Cette création doit être ma gloire et la fin de ma carrière: mes petits enfants viendront parmi vous et ils seront bénis. Quant à moi, j'ai les yeux vers la terre; c'est à Castroville que j'ambitionne de rendre mes restes pour demeurer éternellement avec vous.
Ma vie et ma fortune sont devenus votre patrimoine; je n'ai d'autre pensée que votre protection: je suis avec vous, présent comme absent. Je suis forcé de vous dire adieu. M. Louis Huth me représentera pendant mon absence : sa probité m'est connue - j'ai la confiance qu'il vous traitera avec justice. Je pars avec la conviction que je ne pourrais faire pour vous davantage. Dieu protègera mes travaux - j'en ai la certitude, parce que j'ai la foi qu'il m'a destiné à achever son œuvre en venant peupler et féconder la terre qu'il a créée.
___
Certificat du juge du Comté de Bexar
République du Texas
Comté de Bexar
Je soussigné, juge suprême du comté de Bexar certifie avoir visité Castroville sur la rivière Medina, et que cette nouvelle colonie a été commencée sous les plus favorables auspices, et dans une position admirable tant sous le rapport de la fertilité du sol, la facilité de cultiver, la salubrité du climat, que sous celui de la sécurité, en raison du danger des Indiens.
Je déclare que cette nouvelle colonie possède jusqu'à ce jour, tous les éléments qui peuvent la présenter comme la plus florissante dans l'ouest du Texas.
En foi de quoi, j'ai signé et apposé le sceau officiel, à San-Antonio, le 20 octobre 1844, et de l'indépendance du Texas la 9eme.
David MORGAN
Juge suprême du comté de Bexar
____
LOI qui m'accorde une prolongation de deux années pour remplir les conditions de mon contrat de concession.
Résolution des deux Chambres, pour le bénéfice de M. Castro.
Section 1. Il est résolu par le sénat et la Chambre des représentants de la République du Texas, assemblée en congrès, qu'une prolongation de deux années est accordée à M. Castro, pour remplir les conditions de son contrat de colonisation avec le gouvernement à la date du 15 février 1842; pourvu que chaque émigrant arrivant sur le territoire de la République, en vertu dudit contrat, avant de prendre possession des dites terres, fasse serment d'être citoyen du Texas.
Section 1. II est de plus résolu que la présente loi est en force, et aura son plein et entier effet du jour de son passage.
John M. Lewei,
Président de la Chambre législative.
K. L. ANDBRSON,
Président du Sénat.
Approuvé Janvier 27 , 1845.
ANSON JONES,
Secrétaire d'État.
27 janvier 4845.
Le soussigné certifie que le présent est une copie de la résolution des deux chambres dont l'original est déposé aux archives de ce département. Ebene ALLEN,
Secrétaire d'État par interim. ____
Extrait du Vindicator de Washington (Texas).
Nous apprenons par des lettres de San-Antonio, que M. Castro, conformément aux termes d'un contrat très-étendu, relatif à des terres que le Gouvernement lui a concédées, a fixé son premier établissement sur la Medina, 24 milles ouest de San-Antonio.
M. Castro, qui depuis deux années a introduit plusieurs centaines d'émigrants dans le pays, s'est mis le
1er septembre à la tête d'une forte partie de son monde, bien approvisionné à ses frais, avec les outils et le matériel nécessaires, et le 3, il avait jeté les fondations de CASTROVILLE au grand contentement de font le monde. Le
12, l'évêque Odin, accompagné de l'abbé Ogé, a visité la nouvelle colonie pour poser la première pierre de l'église placée sous l'invocation de St-Louis.
Un nombre considérable d'émigrants colloqués dans les environs de Bexar, et porteurs de contrats délivrés en France par M. Castro, se disposaient à prendre possession de leurs terres.
Nous sommes informés que cette entreprise est conduite avec une grande vigueur et sans le moindre regard pour les dépenses. M. Castro fournit des provisions à tous pendant le temps nécessaire à la construction des maisons, indépendamment de ce qu'il pourvoit .de boeufs, de vaches, charrues, charettes(sic), semences et vivres jusqu'à la récolte prochaine ceux qui n'ont pas de moyens.
Les émigrants, actuellement sur les terres, renforcés de ceux qui sont attendus incessament(sic) d'Europe, vont constituer la colonie la plus considérable qui se soit, formée depuis notre
indépendance. ___ Adresse
des habitants de Castroville sur la Médina
à M. H. Castro, fondateur de la dite ville.
Au moment où vous .allez nous quitter pour vous rendre au congrès, dans le but de protéger vôtre colonie, nous sentons le besoin de vous témoigner notre reconnaissance pour tous les sacrifices personnels et pécuniaires que vous avez faits depuis le
1er Septembre, époque où nous avons fondé Castroville sur la -Medina, pour assurer notre établissement d'une manière permanente et comfortable(sic).
Nous nous plaisons à reconnaître que depuis le 12 Septembre que nous avons signé le procès-verbal de la prise de possession, vous nous avez traités comme un père libéral et protecteur.
Nous sommes bien aises, qu'on sache en France et à l'étranger les auspices sous lesquels nous nous établissons dans un pays qui ne nous laisse rien à
désirer pour la salubrité et la fertilité, où l'existence s'obtient par un travail facile et doux. Nos voeux vous accompagnent dans votre voyage, et nous venons vous exprimer notre ardent désir de voies revoir bientôt parmi nous, pour nous couvrir de votre protection paternelle.
Castroville, le 20 novembre 384.
L. ORGEAUX |
JEAN BAPTISTE LECONTE. |
LÉOPOLD MEETRIER. |
BOURGEOIS. |
G. L. O. SUFFLEZ. |
PASSARD. |
FAIVRE. |
RESEC. |
PICHOT. |
TH. GENTIBY. |
CHAPON. |
HALLEBARDIER. |
THÉOPHILE MERCIER. |
CH. GONBAUTS. |
L. HUTH , |
BURREL, fils , |
J. BOURGEOIS , Juges de paix, |
DESCHER , |
L. HAAS , conestable., |
DREYER , |
F. FORGEAUx , |
ERATH , |
J. B. LECOMTE, |
ERNST , |
G. CUPPLEs, |
FRETELLIERE , |
LÉOPOLD MENETRIER , |
GENTILZ , |
CHASSARD , |
GOLLY , |
FAWIE , |
GRAF , |
RESEc, père. , |
GRUNWOLD , |
HALLEBARDIER. |
GRYELL , |
CHAPON , |
HAQUELIN, |
PICIIOS, père, |
HALLER, |
PICHOS , fils , |
HANS , |
GENTILZ , |
KELLER, |
THÉOPHILE MERCIER, |
MACLE , |
CH. GOUBAUD, |
MUNCH , |
GASPARD SAD , |
OERTEL, |
JOSEPH HABY , |
PONCELET , |
JACOB HABY , |
RHIN , |
NICOLAS HABY, |
SCHNEIDER , |
VRICH ZURCHER, |
MICHEL SIMON. |
ZEMMERMAN . père, |
REM. SIMON , |
JH. ZEMMERMAN, |
SPANY. |
JEAN ZEMMERMAN, |
STEPHAN, |
BADER ,, |
Veuve WEBER , |
BARTH , |
JOSEPH WEBER, |
BARTI, |
PIERRE WEBER , |
BRUCHAT , |
YOUNG, |
BURREL, père, |
ZURCHER, |
_____
Proclamation de M. Castro aux colons, avant son départ
pour l'Europe.
Mes amis!
La justice du gouvernement Texien a comblé mes espérances; une prolongation à l'entière exécution de mon contrat de concession m'a été
accordée à l'exclusion de tous les autres concessionnaires. Cette exclusion s'explique parce que j'avais agi et qu'ils étaient restés inactifs.
La faveur, dont je suis l'objet, a une portée immense pour vos intérêts,. car une loi s'oppose à ce que de nouvelles concessions soient faites. La conséquence de cette mesure donne une valeur réelle aux terres que vous possédez et vous assure dans un temps très-rapproché de nombreux compagnons.
J'ai adressé au gouvernement diverses demandes dans votre intérêt, qui, j'espère, me seront accordées.
L'avancement et la prospérité de votre établissement, qui a acquis aujourd'hui toute la solidité désirable, exige que j'aille en Europe pour en hâter le développement d'une manière rapide. Je serai en France en avril et de nouveau avec vous fin septembre; soyez assurés que vous ressentirez promptement les effets de ce nouveau sacrifice de ma part. Je vous le répète avec conscience, je ne m'appartiens plus : ma vie et ma fortune est à mon
oeuvre.
Les faits accomplis par mes travaux, me donnent des droits à votre confiance. Je viens en user aujourd'hui en vous recommandant : union,
travail, persévérance, obéissance aux conseils de mon représentant , M. Hulh. Vous trouverez en lui, j'en ai la conviction, la protection d'un père.. J'autorise chacun de vous à m'envoyer lettres et commissions, je remplirai, celles-ci dans les limites du possible.
Confiez-vous à Dieu et à moi. Toute autre direction, que des intriguants ou des imposteurs chercheraient à vous donner, serait votre ruine:
Il n'y a, je vous le répète, d'autre concession de respectée que la mienne;. attachez-vous donc à vos terres. Elles constituent votre fortune et celle de vos familles, c'est là ma ferme conviction basée sur des faits accomplis qui indiquent
l'avenir.
Je veille sur vous, fiez-vous à ma vigilance, elle est infatigable pour votre protection. Je vous bénis en attendant que je puisse étendre mes, bras sur vos têtes. ____
Extrait de l'ouvrage sur le Texas de M. Kennedy, actuellement
consul d'Angleterre à Galveston et publié en 1844.
(Traduction de (Anglais).
»
La largeur du Rio-Grande, à son embouchure dans le Golfe dit Mexique, où il se jette, passant par dessus un banc de sable bas et mouvant de trois à cinq pieds d'eau, est d'environ 300 Yards. -
Au dessus de ce banc jusqu'à Loredo, ville éloignée de la côte de 200
milles, la rivière est profonde et d'un cours paisible; au-dessus de Loredo son passage est interrompu par de fréquentes
chutes. Les remarques suivantes, relatives au Rio-Grande et à ses terrains vicinaux, sont extraites d'un rapport fait par M. Edgerton (un Anglais) nommé expert par la Société territoriale du Texas et du Rio-Grande, et à l'usage de ses directeurs.
» II y a sur le Rio-Grande de bonnes situations pour l'établissement de villes de commerce, tandis que de belles fermes pourraient être érigées sur ses rives; et il est généralement reconnu que la contrée qui s'étend de Rio-Grande à la Medina est incomparable pour l'élève des bestiaux. Suivant le cours du Rio-Grande vers la ville de Loredo, à travers l'état de Tamolipas, les accidents de terrains deviennent plus rares, l'on rencontre une plaine immense où règne généralement une grande sécheresse, mais qui diminue rapidement au-delà du point susmentionné.
» Les cours d'eau, tels que le Las Moras, Piedras Pintas et Sequete et qui se jettent dans le Rio-Grande, ont tous, près de leurs confluents, d'excellentes
chutes et positions pour des moulins, avec abondance dans le voisinage de matériaux propres à la construction de ces derniers; les moulins à vent établis dans cette partie du pays (où le temps calme est regardé comme un phénomène) doivent inévitablement réussir.
"
Le district méridional, situé entre la Medina et le Rio-Grande, n'est pas moins favorable à la santé que le Texas proprement dit, comme on le verra par l'extrait suivant de M. Edgerton au directeur de la Société territoriale de Rio-Grande.
» La salubrité du climat ne peut pas être révoquée en doute; je parle non-seulement par les détails que j'ai été à même de recueillir, mais encore par une expérience personnelle de longue date. J'ai été exposé à tous les changements de temps, j'ai voyagé à cheval depuis le matin jusqu'au soir dans la saison d'été, lorsque le thermomètre à l'ombre marquait de 90 à 100 degrés et pendant 1a nuit j'ai dormi au milieu des prairies pendant qu'une forte rosée ou d'autres fois une pluie battante tombaient la plus grande partie du temps, transperçant ainsi mon lit, et la nuit suivante je me couchais dans ces couvertures qui n'avaient pas eu le temps de sécher; de cette manière j'ai porté ces effets mouillés ou humides pendant plusieurs jours de suite, sans avoir les moyens d'en mettre d'autres;
j'ai été de même exposé au froid peut-être le plus sévère qui ait sévi ici naturellement; tout ceci m'était personnellement désagréable, mais cela n'influa jamais le moins du monde sur ma santé; ceci est du reste le cas avec tout
le monde.
» La longueur du jour subit peu de variations pendant les différentes parties de l'année et le froid n'est jamais assez intense pour rendre l'usage du feu absolument nécessaire ; quoique fréquemment pendant l'hiver on puisse le désirer et qu'il soit même nécessaire au
confortable.
» Le bois et les combustibles de toutes espèces sont abondants partout, aussi bien que le charbon bitumineux près de Rio-Grande.
» Le comté de Bexar comprend une section étendue du département mexicain portant le même nom, de plus une immense partie du terrain au-delà des limites du Texas proprement dit.
» C'est un pays de prairies ondulées interrompues par des collines se dirigeant vers le nord et l'ouest de la ville de San-Antonio.
» Excepté sur les bords des rivières, qui sont généralement garnies de forêts, le pays offre l'aspect d'un paysage ouvert avec des bosquets de bois, couronnant les sommets des parties élevées. Le sol consiste généralement en terres grasses sablonneuses, excessivement productives ; quelques parties déjà en culture depuis près d'un demi-siècle semblent n'avoir rien perdu de leur fertilité première.
» Des irrigations peuvent être aisément dirigées sur une surface immense capable de produire d'abondantes récoltes de coton, de sucre, de tabac, d'indigo, de maïs, de froment de bonne qualité, d'orge, d'avoine, de millet, de fèves et d'autres légumes de cuisine.
» La vigne et l'olive et même la plupart des produits de la zone tempérée peuvent être cultivés avec succès. Il y a différentes espèces d'excellents fruits, entr'autres les figues qui ont la réputation d'être les meilleures du Texas.
» L'herbe appelée musquits, toujours verte, tapisse tout le district des meilleures pâturages. Le nopal croit fréquemment et forme des :aies impénétrables de huit à dix pieds de hauteur qui souvent couvrent plusieurs âcres ; les moutons se multiplient avec avantage dans les montagnes et leur voisinage ; l'Espagne elle-même n'a pas un climat plus favorable, des pâturages plus vastes et plus garnis, d'herbes plus convenables pour l'entretien de ces précieux animaux. Le
chêne vert domine dans la forêt. Le pacanier, portant des noix délicates de grandeur peu commune, est abondant; fou rencontre sur la Medina le chêne d'Europe, le cyprès et le bois de mousquite produisant une gomme précieuse.
»
La pierre à chaux est bonne dans ce district; la pierre à feu et d'autres variétés de pierres sablonneuses se
rencontrent sur le San-Antonio
et le Cibolo. II y a ensuite de nombreux lits de gipses, sur une des rives du San-Antonio ; à 50 milles de la mer on a trouvé un
réceptacle d'écailles marines d'une nouvelle espèce, mélangées à l'alluvion ; près du Cibolo, justement au-dessus de la jonction de la route
Gonzales, sont situées les sources de Sulfure blanc de Bexar, renommées pour leurs propriétés médicinales. L'eau s'élève en bouillonnant du fond d'un large bassin dans le roc et s'en échappe par un courant rapide ; les environs sont beaux et fertiles, et à une petite distance se trouve une forêt étendue de petits chênes, suffisamment garnie de gibier pour contenter les amateurs de chasse pendant nombre d'années. Les plus grands chênes verts que l'on puisse rencontrer croissent sur les bords du Cibolo. La
vallée arrosée par le San-Antonio joint à l'attraction d'un heureux climat, des paysages charmants et un sol inépuisable ; le sucre et le coton furent jadis cultivés sur une grande échelle près de la ville de San-Antonio ; mais depuis la révolution Mexicaine ce district a perdu son reste de prospérité, partie par suite des discordes intérieures, partie par suite des irruptions des Indiens.
» Dans le choix des terres les émigrants seront toujours plus ou moins influencés par les habitudes du pays qu'ils ont quitté, c'est pourquoi ceux qui viennent des pays plats préféreront toujours les prairies du Texas, tandis que ceux qui viennent des districts élevés dirigeront de suite leurs pas vers les montagnes; pour la même raison quelques-uns
préfèreront une section boisée tandis que d'autres préféreront une
campagne ouverte avec des bosquets d'arbres; pour un émigrant possédant un petit capital ou pour l'Européen peu
accoutumé à un pays chaud et aux travaux fatiguants de déroder la forêt, une prairie ondulée légèrement boisée et suffisamment arrosée par des cours d'eau, sera l'endroit le plus convenable pour s'établir.
»
Pour établir une ferme dans le coeur d'une forêt vierge, c'est une tâche pesante et qui abrège la vie même aux Américains élevés dans les bois, accoutumés à manier la bâche depuis leur enfance et à s'en rapporter pour leur subsistance à une carabine qui ne manque jamais le but; mais malheur à l'Européen si sa position sociale est au-dessus de celle ,d'un ouvrier qui est contraint d'entreprendre une fatigue aussi grande et aussi extraordinaire! Les années se succèderont et le trouveront combattant des difficultés qu'il ne pourra jamais vaincre.
» Le sol des prairies ondulées du Texas est formé d'une terre grasse noire mêlée avec le sable en différentes proportions. Il n'est certainement pas aussi riche que les terres d'alluvions boisées du Brasos dont le sol est formé par la décomposition de végétaux à une profondeur de plus de dix pieds, mais il est précieux à l'agriculture aussi bien qu'à la formation des prairies riches de bois et d'eau, et présente une facilité sans dépense et sans travail pour l'élève des bestiaux de toute espèce. La nature s'est plu à
répandre ici ses bontés avec la munificence d'un parent indulgent; il reste seulement à l'homme de se montrer digne de ses faveurs par l'emploi de son énergie physique. et morale et l'usage tempéré des moyens de plaisir placé à sa disposition.
Pour une race sensuelle, indolente et inintelligente, les berceaux d'un second Eden
floriraient en vain. _____
On lit dans le journal la Nouvelle-Orléans, du 17 février 4845, ce qui suit
:
(Extrait du Texas national Register).
« Nous apprenons que le congrès a, par une résolution, accordé à M. HENRY
CASTRO, une prolongation de temps de deux ans, pour le mettre à même de
remplir les conditions de son contrat de colonisation.
« Cette mesure a été prise en considération de l'exécution , par M. CASTRO , de ses premiers engagements et de la fondation qu'il a
faite de la ville de Castroville sur la Medina, établissement déjà
florissant.
« L'extension de temps accordé à M. CASTRO, n'est qu'une justice, et
n'atténue en rien la ferme détermination du congrès, de ne sanctionner aucune autre concession, et de ne point en accorder de nouvelles.
"
CONCLUSION.
II est évident qu'il n'y a rien de chimerique ni de factice dans ce qui vient d'être constaté. - Le public jugera.
______ JOURNAL des DEBATS Extrait
du 7 mai 1845 " La décision que vient de prendre le Congrès d'annexer le Texas à la Fédération américaine appelle naturellement l'attention sur ce pays, dont nous avons à plusieurs reprises fait connaître l'état politique. Il n'est pas sans intérêt de jeter un coup d'oeil sur sa situation agricole et commerciale, sur les ressources qu'il offre dans le présent ou promet pour l'avenir. Nous emprunterons la plupart des aperçus généraux ci-après à un document assez étendu et de beaucoup d'intérêt qu'a publié sur ce pays le département du commerce.
Les frontières du Texas, telles qu'elles ont été déterminées par acte du Congrès du
19 décembre 1836, renferment un territoire immense, enclave du Mexique et des États-Unis, et qui , pressé entre ces deux corps politiques, devait nécessairement tôt ou tard entrer dans la sphère d'attraction de l'un ou de (autre. Sa superficie peut être évaluée à 150 millions d'acres (près de 60 millions d'hectares, ou 8 millions environ de plus que l'étendue territoriale de la France). Dans un pays aussi vaste, le climat diffère nécessairement suivant les contrées; mais en général il n'est ni aussi froid l'hiver ni aussi chaud Pété que dans les diverses partis des Etats-Unis, ce qu'explique
parfaitement sa situation entre le golfe mexicain et l'océan Pacifique.
La population s'étend des bords du golfe jusqu'à environ 200 milles à l'intérieur du pays ; mais comme elle y est extrêmement dispersée, et qu'il n'a d'ailleurs pas été fait jusqu'ici au Texas de recensement officiel, il serait à peu près impossible d'en établir le chiffre exact. Nous dirons seulement qu'elle ne paraît pas dépasser 600,000 habitants , ce qui jusqu'à ce jour a laissé cette immense contrée à peu près à l'état de désert, et qu'elle se divise en trois classes : la race blanche , composée d'Américains de l'Union, de Mexicains et d'Européens; la race noire, comprenant de 20,000 à 30,000 esclaves, et la race indienne, comptant
15,000 âmes environ.
Les tribus indiennes du Texas, si l'on en excepte celle des Comanches, sont
toutes numériquement faibles et ne représentent plus que les débris des naturels chassés de leurs terres natales. Elles sont généralement peu dangereuses. Les Comanches comptent une population d'environ 11,000 âmes, et peuvent mettre sous les armes
1,000 à 1,200 guerriers. Ils sont répandus par petites bandes sur la portion du territoire texien où ne s'est pas encore portée l'émigration; leur principale force est à l'ouest, sur les frontières du Mexique. Ces tribus, qui vivent de chasse et de pêche et n'ont pour armes que l'arc, la flèche et la lance, sont, comme toutes les peuplades sauvages des deux Amériques,
fort misérables, et néanmoins elles pourront par la suite faciliter l'établissement des pionniers dans l'ouest de l'État, en échangeant avec eux des pelleteries et des fourrures contre les marchandises d'Europe et les denrées agricoles du pays ; elles entreront ainsi peu à peu dans le mouvement de la civilisation.
L'agriculture est encore, au Texas, dans un état très imparfait; là, comme dans le sud des Etats-Unis, elle est
le partage des esclaves; la grande culture est faite par les nègres avec l'insouciance, la paresse et l'esprit routinier qui semblent
inhérents à la race africaine. Le Texien lui-même est d'ailleurs loin d'avoir cette activité infatigable, ce génie du perfectionnement qui distinguent l'Américain du Nord; il participe de la race espagnole; enclin à une molle incurie, content de son soleil et de ses magnifiques prairies naturelles, il sacrifie tout au présent; l'avenir semble peu
l'inquiéter; il ouvre à peine la terre, dont le sol, au Texas, est du reste d'une fécondité qui encourage singulièrement
l'indolence ; il sème ou plante au milieu des arbres, parmi les racines, épuise ses champs en leur demandant continuellement les mêmes produits, et suit rarement les règles de la science pratique agricole. Et cependant les récoltes, au Texas, sont abondantes et viennent à peu de frais; la fertilité naturelle du sol et sa puissance productive suppléent jusqu'à un certain point aux soins éclairés et au travail opiniâtre auxquels se livrent en Europe nos cultivateurs.
Comme à la Louisiane, comme dans tout le Sud américain, le coton est la principale culture du Texas; il y est d'une bonne qualité; la soie en est fine, flexible et forte; il est
d'une blancheur remarquable : malheureusement il n'est pas bien nettoyé; les machines employées à ce travail sont pour la plupart mauvaises. L'introduction de meilleurs
instruments élèverait le prix du coton texien, supérieur, assure-t-on, aux produits similaires de la Louisiane.
Le sucre, aussi, serait au Texas un bon produit; la canne vient dans les parties basses du pays. L'usage du thé et du café y fait faire une consommation considérable de sucre; mais le prix en a été jusqu'ici assez élevé, comparativement à celui de la Louisiane et des Etats-Unis. Le tabac croit vigoureusement et est d'une bonne qualité; mais la préparation de cette plante pour les divers emplois propres a sa consommation y est encore dans l'enfance. Si les planteurs apportaient les
améliorations requises dais ce travail., la qualité du Tabac du Texas égalerait peut
être celle des produits de la Havane En céréales, le Texas produit peu, non que le sol s'y refuse, il est très fécond en maïs, mais le travail de la mouture y a été jusqu'ici insuffisant. La vigne vient, bien dans quelques. contrées, et donne un vin assez semblable à celui de Porto. Les bois de construction , le chêne vert en particulier, si précieux pour construire des navires,, y couvrent d'immenses étendues. Mais la principale richesse. actuelle du sol texien, ce sont ses prairies et surtout l'abondance du bétail, des troupeaux de boeufs, de buffles et de daims qu'on y rencontre.. On peut prévoir pour ce pays une admirable prospérité agricole, s'il sait tirer parti de la facilité exceptionnelle avec laquelle peut s'y faire l'élève des bestiaux. Ajoutons enfin que le sol du Texas renferme de riches produits minéraux. la houille, le sel,. le fer, le plomb, encore inexploités d'ailleurs, et qui ne le seront _ qu'à l'aide de capitaux et de bras dont manque encore le pays.
Presque tout le commerce du Texas. s'effectue avec les Etats-Unis, auxquels l' Etat
expédie par an 100 ou 150,000 balles. de: coton, ainsi que des cuirs, peaux et pelleteries et bois de
construction, contre les fabrications d'Europe entreposées à New-York ou à la NouvelleOrléans., Le mouvement des échanges ,qu'active. et facilite l'établissement de bateaux à vapeur entre Galveston et les ;ports de: la; Louisiane peut être évalué à 10 ou 42 millions. Nous y prenons une part, in-. directe, jusqu'ici d'ailleurs peu considérable, par- l'intermédiaire du commerce américain.
Galveston, port principal de la, république texienne, est la ville où se font presque toutes les transactions commerciales: construite. sur le plan de toutes les cités américaines, elle a des rues larges,
bien aérées, coupées à angle droit, tirées au cordeau, et dont les maisons sont en
bois, coquettement bâties et peintes avec soins. Toutes les industries, toutes les branches de commerce y sont .représentées.. Les voyageurs trouvent dans cette ville le confort le plus nécessaire; la salubrité du reste y est parfaite, la chaleur du climat y étant tempérée par la brise. La France compte dans
ce port beaucoup de ses nationaux, et la langue française y est assez généralement parlée. Après Galveston, les centres les plus importants sont: Houston d'abord, où la population se presse de préférence, bien que ce soit à certaines époques de l'année l'un des points les moins sains du Texas; puis Austin, sur le Colorado, capitale de l'État, offrant jusqu'ici peu de ressources commerciales, mais destinée sans doute â en acquérir lorsque des communications auront été établies entre Matamoros et la rivière Rouge, entre les ports texiens et Santa-Fé, premier entrepôt du commerce mexicain.
Sans prétendre aucunement que le Texas soit, comme ne se sont que trop appliqués à le représenter
certains courtiers d'émigration, une terre d'abondance et de félicité, une sorte d'Eldorado ; sans partager même les espérances exagérées qui ont été exprimées sur son avenir , on doit cependant reconnaître que , par son heureuse situation sur les deux Océans et au centre du commerce des Antilles, par ses éléments de richesse agricole, par la fertilité d'un sol que sillonnent de beaux et nombreux cours d'eau, ce pays doit ajouter un jour un magnifique fleuron à la couronne qui déjà brille au front de la Fédération américaine. Les États du Sud en particulier s'en réjouiront, car l'annexion du Texas aura pour effet d'accroître leur force dans la lutte qu'ils soutiennent contre le Nord, et ce sera du reste une habile combinaison de la part
de l'Union que de s'être incorporé un pays dont les produits ne pouvaient manquer de faire un jour concurrence à ceux de ses fermes à coton, première source d'approvisionnement de l'Europe. Tout, pour ainsi dire, est encore à créer au Texas; mais l'Union américaine saura bien lui donner ce qui, pour le féconder, lui a manqué jusqu'ici, des bras et de l'argent; et le génie créateur de l'Amérique du Nord n'aura pas
de peine à faire surgir de cette terre, jusque-là mal exploitée et incertaine de son avenir, des richesses qui y fixeront les populations et y attireront lé commerce et la navigation de l'étranger.
_______________________________________________________ avec
la brochure sur Castro-ville, Henri Castro envoya la lettre suivante au
Ministre de l'Intérieur, datée d'Anvers, le 8 mai 1845.. (Toutes
deux se trouvent aux Archives du Ministère des Affaires Etrangères dans
le dossier 2020 Emigration)
Note "confidentielle" pour
Monsieur le
Ministre de l'Intérieur à Bruxelles Je m'empresse Monsieur le Ministre de satisfaire à la demande verbale que vous m'avez faite hier, en vous adressant quelques renseignements sur mes opérations au Texas.
Ma combinaison de colonisation porte ses fruits.
Dix expéditions faites, dont sept du port d'Anvers. Plus de Mille colons, la plupart cultivateurs, arrivés sur les lieux. Leur bien être assuré dans le pays le plus riche d'espérances. Et ce résulta obtenu au prix de cent cinquante mille francs, indique qu'il n'y a qu'à suivre le même système pour compléter sans difficulté, ce qui a été si heureusement commencé.
Je dois mon succès à l'unité d'action (car je n'ai point d'associé) autant qu'à l'exemple. J'ai payé de ma personne en toute circonstance. La notice imprimée que j'ai eu l'honneur de vous remettre indique mes actes. Si je ne craignais d'abuser de vos moments je pourrais vous faire la lecture de mon Journal.
Dans le compte de mes dépenses se trouvent comprises les provisions nécessaires pour subvenir aux besoins des colons nécessiteux jusqu'à la récolte prochaine en septembre.
Mes établissements sont permanents et assurés. Chaque famille est bien casée à Castroville, les jardins mis en culture et les terres ensemencées dans les limites des forces, ainsi que de l'industrie de chacun. Cette promptitude dans l'exécution provient de ce que nous n'avons pas de défrichements à faire. Le pays que nous
occupons se compose de prairie, coteau, bois et rivières. Celles-ci sont toujours garnies de bois tandis que la prairie se cultive sans obstacle.
Las Américains habiles aux exploitations nouvelles procèdent d'une manière fort expéditive la première année. Avec de très fortes charrues, attelées de deux et quelque fois de trois paires de bœufs, ils ouvrent le sillon et sans autre préparation ensemencent le maïs. Ils obtiennent ainsi largement leur approvisionnement jusqu'à la récolte prochaine, et ne se livrent à une culture régulière que la saison suivante.
Vous remarquerez Monsieur le Ministre que par ce premier vigoureux labour, ils déplacent les mille petites racines et mauvaises herbes qui couvrent toujours une terre vierge. Tout ce qui peut nuire meurt pour faire place la seconde année à une immense récolte.
Comme évidence de la salubrité du climat, je vous citerai un fait: du 1er septembre au 20 novembre que je suis resté sur les bords de Medina occupé à diriger mes travaux, nous n'avons pas eu de maladie autre que les accidents communs de la vie en Europe.
La théorie, ou la pratique en matière de colonisation est tellement différente que je suis convaincu aujourd'hui que la présence du chef peut seule répondre aux innombrables exigence qui se présentent sous toutes les formes. Le chef
entraîne toujours ceux qui l'entourent et, lorsqu'il est déterminé à partager tous les périls,
à donner l'exemple du courage, de la patience, du travail, d'une résolution
indomptable, il trouvera de l'écho, même parmi les plus timides. L'Homme peut reculer en présence d'un danger, lorsque son action est ignorée, mais exposé à recevoir le stigmate du lâche. Il périt plutôt que de subir cette condamnation. Je n'ai pas à signaler Monsieur le Ministre un seul de mes colons qui ne se pressent autour de ma
bannière, ni qui ait articulé la moindre plainte dans des moments difficiles. Avec le calme, la résignation que donne une foi sincère dans l'accomplissement de mon œuvre, j'acceptais toutes les contrariétés inséparables de mes travaux. Mon attitude toute d'inspiration produit plus d'effet, que les discours les plus éloquents Et lorsqu'au milieu d'eux, j'avais surmonté l'obstacle, je
faisais un pas de plus dans leur confiance, ainsi que dans leur estime. Par l'exemple seul, je suis parvenu en moins de trois mois à rendre tout facile. J'onc dire qu'il n'est rien que je n'eusse pu obtenir de leur part, par la moindre manifestation de ma volonté. Notre pacte est solide, il est fondé sur le travail.
L'annexation du Texas aux Etats-Unis, que vous pouvez Monsieur le Ministre accepter
comme un fait accompli, vient consolider mon ouvrage. Le prétendu danger de l'invasion des Mexicains et des Indiens disparaît comme un songe par cet
évènement. Le drapeau Américain couvrant cette nouvelle province va lui permettre de développer des immenses ressources agricoles et commerciales au service de la paix.
Les colons, auxquels j'ai fait des concessions gratuites de 320 acres par famille, possèdent aujourd'hui une valeur
réelle, dont l'importance ne saurait être moindre de fr. 2000 en prenant pour base le tarif des Etats-Unis qui fixe le prix des terres publiques à fr 6.25 l'acre. Mais cette évaluation est insuffisante pour des terres de premier choix déjà occupées dans la plus belle section du pays, sous le rapport de la salubrité et de la fertilité. En doublant la somme, on est dans le vrai en sorte que tous ceux sur lesquels j'ai répandu la libéralité du gouvernement Texien réalisent un représentatif de
fr. 4000 -. Dont l'augmentation ne saurait manquer d'être rapide.
Négociant avant d'être colonisateur je me suis occupé monsieur le Ministre pendant mes deux voyages au Texas en 1842 et 1844, à recueillir les informations utiles au commerce ainsi qu'à l'agriculture.
La population du Texas, est pour les neuf dixièmes Américaine. Elle consomme les mêmes
articles qu'aux Etats-Unis, avec cette différence que les objets de luxe ont moins d'emploi que ceux de première nécessité. Ce-ci s'explique en considérant que le Texas n'a pas dix années d'existence comme nation indépendante.
Le pays offre en échange des importations, les articles d'exportation suivants :
Cotton (100 mille Bs cette année), Cuirs, Pelleteries, Cornes de bœuf et de cerf,
Suif, Merrain (tant qu'on en veut).
Bois de Chêne vert, si nécessaire pour la construction des vaisseaux, en grande abondance et des plus belles dimensions.
Le sucre se produit également aussi facilement qu'à l'Isle de Cuba. La consommation locale absorbe pour le moment la récolte, mais on ne tardera pas à le compter au nombre des articles d'exportation.
Les importations des objets en fer, fonte, les draps, les toiles, les cotonnades, les
verreries en tout genre sont de consommation.
Le commerce de St Ant° de Bexar monopolisé par quelques maisons américaines et anglaises double des capitaux dans tout ce qu'elles vendent aux fraudeurs mexicains, et cela en échange d'espèces.
L'annexion aux Etats-Unis va placer les limites de l'Union Americaine sur le Rio Grande ou Rio del Norte. Là, vont se former immédiatement des villes et des dépôts de toutes les marchandises que le Mexique consomme. Avec un tarif qui équivaut à la prohibition, il n'est pas difficile de prévoir que tout le commerce va devenir le domaine des américains ou des premiers occupants de la frontière.
Dans cette prévision, j'ai donné ordre à mes agents de prendre possession des terres qui me sont assignées sur le Rio Grande par mon contrat de concession afin de créer sur le lieu le plus favorable une ville qui
offrirait des avantages commerciaux en raison de sa proximité des populations mexicaines.
A mon passage à Boston, j'ai fait part de cette initiative à deux habiles armateurs auxquels j'étais recommandé et qui m'ont demandé dès que j'aurai planté piquet, à venir placer un dépôt de
Marchandises propice au Mexique sur le lieu que j'aurai choisi. De pareils auxiliaires
hâteront le développement de mon plan parce que par tout ou le commerce s'introduit, l'aisance et la circulation d'espèces en est la conséquence.
Pour justifier cet empressement des américains à créer de nouveaux débouchés, il suffit d'être informé qu'ils manufacturent
déjà plus de coton que la France et qu'on évalue la consommation de cette année dans le pays a plus de cinq cents mille balles.
Dans un pays ou l'argent est cher et l'intérêt légal au taux de 8 % ou les affaires se font par échanges et au comptant, il y a de belles chances pour le capital bien dirigé.
Un comptoir placé à Galveston comme point d'appui nécessaire à la colonie
pourrait en même temps, avec for peu de frais, exploiter la partie commerciale. Il
recevrait d'Europe en consignation tout les articles bien conseillés aux
importateurs et réaliserait les retours en articles déjà indiqués, principalement du cotton. En raison des expéditions de colons qui vont se succéder rapidement, les navires
ne feraient pas faute et, en se livrant à des avances judicieusement à Anvers et à
Galveston on arriverait facilement à obtenir une masse de consignations qui
aurait de l'intérêt.
Mais le point le plus important par lequel toute mon attention se porte en ce moment est l'occupation de mes terres sur le Rio Grande au centre desquelles une ville doit se former sur le fleuve.
Comparable au Mississippi, le Rio Grande a dix huit cents milles de cours. Ma connaissance des deux localités m'indique que le fabuleux progrès de la Louisiane va se développer dans cette partie du Texas avec d'autant plus de vivacité que les Américains sont à la tête du mouvement et marcheront avec la vitesse qui domine toutes leurs créations.
Ayant depuis près de deux années établi à Anvers le centre de mes opérations, en raison des facilités que les chemins de fer en
communication avec le Rhin offrent à mes colons venant du Haut et du Bas Rhin, j'ai du
jeter les yeux sur un concours d'influence et de capitaux en Belgique même, pour donner à la continuation de mes opérations une grande impulsion et compléter cette année mes expéditions de masses.
Dans cette pensée j'ai fait des ouvertures à la Compagnie de Colonisation Belge, aussi avantageuses pour elle que pour moi.
Au point ou j'ai conduit mon affaire. Le Haut titre de Colonisation Belge au Texas sous le patronage de S. M. le
Roi, réaliserait toutes mes espérances d'honneur et de gloire. Croyez-le bien Monsieur le Ministre l'affaire d'argent est secondaire chez moi car je
chéris l'idée d'aller avec ma famille m'établir au milieu de mes colons. Vous comprendrez que propriétaire de quatre cents mille acres de terre dans le Jardin du Mexique, je serai riche
assez.
Cette idée frappe tellement mon imagination, que je ne puis résister a vous la manifester.
Il ne faut rien moins Monsieur le Ministre que ma conviction de mieux protéger mes colons pour me déterminer au sacrifice de l'unité d'action dont les bons effets sont évidents.
J'ai la confiance que si le projet en progrès se réalisait, mes antécédents dans la pratique me
feraient écouter, pour la bonne direction a donner à ce qui reste à faire, sans le moindre obstacle, car ce qui est
accompli ne laisse aucun doute sur le succès de l'avenir.
Si des circonstances que je suis loin de désirer me portaient à faire des propositions au Havre. Mon centre d'opération se
trouverait déplacé malgré moi pour satisfaire aux exigences de localité dans l'expédition des émigrants. Le capital veut toujours protéger le port ou il trouve son emploi.
Je vous remercie Monsieur le Ministre de tout ce que vous avez bien voulu me dire d'obligeant pendant notre conversation. Je vous exprime en même temps mon inclination de continuer mes expéditions, ou je les ai si bien commencées.
J'ai l'honneur d'etre Monsieur le Ministre
Votre très humble serviteur
H. Castro
Chez Mss Decock et Bischop à Anvers
*********************************************************
.
|
|