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 Sources 

BELGIANS IN AMERICA:    Biographies of Belgian settlers  

American Censuses
1850/1860/1870
:
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 Distribution according
to the State of settlement
:
link to the State of settlement

The settlers

The Catholic Missions

Ferdinand Benoît  Marie HÉLIAS D'HUDDEGHEM 

De cette biographie du Père Hélias, je ne reproduis ici que la partie concernant l'établissement des Belges à Taos, pages 253-255 et 263 du livre de LEBROCQUY. Elles apportent quelques précisions sur l'établissement de Pierre Dirckx à Taos.

p. 253-255 : La fin de l'année 1847 apporta une grande joie au P. Hélias. Ouvrons sa correspondance : elle exprime ses sentiments mieux que nous ne pourrions le faire :
" A ma grande satisfaction, une colonie belge des environs de Gand est venue s'établir cet automne dans ma congrégation centrale de S. François-Xavier (Taos). Nos compatriotes sont arrivés ici vivement recommandés par M. Beaulieu, ministre belge à Washington et par le Président des Etats-Unis.

M. Pierre Dirckx, jeune homme actif, intelligent et très religieux sert d'agent aux émigrants et m'est fort attaché. Il vient de perdre son compagnon et son ami intime, un excellent jeune homme d'Eecloo. Une maladie qui paraissait d'abord peu grave, l'a emporté en 8 jours. Je l'ai fait traiter par trois médecins. Une bonne et pieuse brabançonne, Mme Veulemans l'a soigné nuit et jour avec le dévouement d'une mère. Ce pauvre enfant est mort dans mes bras, parfaitement préparé, résigné et content même. Je fis célébrer ses funérailles avec toute la pompe possible, et je prêchai à cette occasion, mon premier sermon flamand. "

Dans une lettre datée du 5 décembre 1847, le missionnaire donne de nouveaux détails sur la colonie belge

" Jusqu'ici nos compatriotes ont échappé aux fièvres bilieuses du pays, une sorte de fièvre des Polders, mais plus intense et qui fait souffrir davantage.

Les agriculteurs belges se distinguent au Missouri comme partout ailleurs par leur industrie, leur esprit d'ordre, leur persévérance, leur amour du travail et leur incomparable propreté. Leurs établissements prospèrent rapidement et pourraient servir de fermes-modèles aux émigrants. Quand je demande à nos flamands s'ils se plaisent ici, ils me répondent " qu'ils sont aussi heureux que le roi Léopold sur son trône. "

Je suis enchanté de ces nouveaux paroissiens : ils sont bons catholiques et toujours disposés à me rendre service. M. Pierre Dirckx, mon plus proche voisin, est l'habitué du presbytère et se montre pour moi d'un dévouement sans égal. Il exploite avec son associé, M. Charles Beckaert une florissante métairie, dont il est propriétaire et qui lui vaut de beaux revenus. Leurs serviteurs Edouard Van Voeren, François Steippens, François Goessens, etc., sont belges pour la plupart. Ces jeunes gens savent tous d'utiles métiers, on ne peut plus lucratifs dans ces contrées récemment ouvertes à la civilisation. François Goessens par exemple est un excellent sabotier. On vient de 20 milles à la ronde pour se fournir chez lui. Il lui arrive de vendre jusqu'à 500 paires de sabots en une journée. En vérité, c'est un joli commerce, car le bois ne coûte rien ou presque rien ici.

Lebrocquy ajoute quelques informations sur cette colonie, un peu plus loin, p. 263 :

Le choléra de 1853 fit beaucoup d'orphelins, généralement enfants -d'émigrés de date récente, et qui en perdant leur père et leur mère, s'étaient vus privés des seuls parents qu'ils eussent en Amérique. Incapables pour la plupart, à raison de leur jeune âge, de gagner leur vie par leur travail, sans ressources, sans protection, sans appui, la plus affreuse misère menaçait leur existence, pour ne rien dire des périls que couraient leurs âmes. A cette époque, l'Etat du Missouri ne possédait que de rares orphelinats. Le P. Hélias, afin d'exciter les personnes charitables à recueillir ces pauvres enfants, tint à donner lui-même l'exemple et adopta, du consentement de ses supérieurs, un jeune orphelin belge, nommé Pierre Labat.

L'avenir de son protégé le préoccupait beaucoup, et parfois il se demandait avec inquiétude ce que l'orphelin deviendrait, si lui-même venait à mourir: La paternelle sollicitude du missionnaire s'est peinte au vif dans cette lettre où il s'efforce d'intéresser sa famille au sort de Pierre Labat

" Le choléra vient d'enlever ses parents à un jeune enfant belge, des environs d'Eecloo. Je suis son tuteur, et le petit Pierre est devenu mon fils adoptif. Si le bon Dieu me rappelait à lui, cet orphelin serait bien à plaindre; il ne possède aucun bien ici, et n'a rien, je pense, à attendre de la Belgique. Mais Deus providebit, je compte sur la Providence.

" Je vous recommande cet enfant dans le cas où je viendrais à mourir. Du haut du ciel, si la divine bonté veut bien m'y donner une place, je considérerais comme fait à moi-même tout ce que vous feriez pour Pierre Labat. Dieu lui=même se chargerait de vous récompenser, en mon nom, et d'acquitter la dette de ma reconnaissance.

" Mon jeune compagnon n'a que neuf ans; il me rend mille petits services et m'amuse beaucoup par sa naïveté. Je lui trouve l'esprit vif et ouvert; peut-être en ferons-nous un disciple de Grétry, car il annonce de remarquables dispositions pour la musique."

Pierre Labat habita plusieurs années le presbytère de Taos, et lorsque son âge lui permit d'exercer un emploi, ce fut encore le missionnaire qui se chargea de le lui procurer.
 

Source : Auguste LEBROCQUY :  Vie du R. P. Hélias d'Huddeghem, de la Compagnie de Jésus. Gand, C. Poelman, 1878, in-8°, portr., VIII-322 p.