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BELGIANS IN AMERICA:    Biographies of Belgian settlers  

American Censuses
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The settlers

The Catholic Missions

Pierre Jean DE SMET

Termonde 30 janvier 1801-St Louis Missouri, 23 mai 1873

C'est au séminaire de Malines que  P.J. De Smet fit la connaissance de l’Abbé Nerinckx, missionnaire au Kentucky. Ce personnage  devait décider de sa destinée : il partirait pour l’Amérique, il deviendrait missionnaire. Avec huit autres jeunes gens, P.J. De Smet quitta sa patrie par Amsterdam  le 15 août 1821, à bord du brick américain Columbia. Après une traversée de quarante-deux jours, ils arrivèrent à Philadelphie. 

Au noviciat de Whitemarsh, leur maître s’appelait le Père Charles Quickenborne (né à Peteghem); il était assisté par le Père Charles Timmermans (né à Turnhout).Après dix-huit mois de noviciat, la mission fut transférée au village de Florissant, près de Saint-Louis (Missouri). De Smet et ses compagnons y prononcèrent leurs premiers voeux de prêtres, le 10 octobre 1823. 

De 1827 à 1833, le Père De Smet aida fréquemment ses collègues des missions environnantes (Saint-Charles, Portage-des-Sioux, Dardenne, Saint-Ferdinand). En 1829, le Père De Smet se vit chargé du «Collège Indien», où les enfants que diverses tribus lui confiaient étaient «instruits, baptisés et élevés dans la religion». En 1830, les Osages, contraints de céder leurs terres du Missouri, reprirent leurs enfants avant de se retirer en Territoire indien, plus à l’ouest, ce qui obligea l’école à fermer ses portes.
 
Le missionnaire enseigna l’anglais au tout nouveau collège de Saint-Louis,  institution uniquement réservée aux enfants des colons. Le 28 décembre 1832, ce collège reçut le titre d’université et devint, dès lors, un des premiers centres de la vie intellectuelle de l’Ouest. On prit bientôt l’initiative d’envoyer un émissaire en Europe pour recruter de nouveaux missionnaires et trouver les fonds nécessaires au bon fonctionnement de l’université. Le Père De Smet se vit confier cette importante mission.

Parti de Saint-Louis, fin septembre 1833, le missionnaire débarqua au Havre pendant l’hiver de 1834, heureux de pouvoir bientôt revoir les siens après quatorze années d’absence. 
De Belgique, il se rendit en France, mais sa santé, qui s’était altérée depuis peu, ne lui permit pas de continuer sa mission.  A peine rétabli, il décida de repartir mais, une tempête provoqua une rechute du Père De Smet, qui souffrait d’hémorragies internes. Il fut obligé de débarquer en Angleterre et dût rentrer en Belgique. Il ne put repartir au Missouri que le 26 septembre 1837, arrivant à Saint-Louis un mois et trois semaines plus tard.

Le Père De Smet quitta la ville avec ses collègues, le 10 mai 1838, en direction de Fort Leavenworth. Ils s’établirent à Council Bluffs. Les Pères y étaient pratiquement coupés du monde et les provisions ne leur arrivaient que rarement. Des partis de guerre sioux rôdaient, se livrant à des luttes intertribales, ce qui rendait précaire la vie des missionnaires. Ces fait décidèrent le Père De Smet à aller au devant des Sioux Yanktonais, pour leur proposer une paix durable avec les Potowatomies. Cette première mission pacificatrice fut couronnée de succès.

De toutes les tribus des montagnes, le Père De Smet allait se consacrer plus particulièrement à celle des «Têtes-Plates», audacieux et braves, aux dires de ceux qui les avaient rencontrés. Lorsqu’ils apprirent que des «robes noires» séjournaient dans le Missouri, quelques-uns résolurent d’aller les chercher. 
C’est ainsi que le Père De Smet découvrit pour la première fois ceux dont il allait devenir l’apôtre. Il quitta Saint-Louis le 27 mars 1840, en direction du nord-ouest. Quelques jours plus tard, il était à Westport (aujourd’hui Kansas City), où il se joignit à une caravane de la l'American Fur Co., en partance pour les montagnes. Le 18 mai, la caravane arrivait sur les bords de la Platte et, vers la fin juin, au «rendez-vous» des trappeurs de Green River, où une dizaine de guerriers Têtes-Plates attendaient le missionnaire pour lui servir d’escorte. Ils traversèrent les territoires Nez-Percés «dont le pays est fertile et la richesse, les chevaux», Cœurs-d’Alène et Pends-d’Oreilles. De Smet fut fort étonné de rencontrer, dans un groupe de trappeurs canadiens, un compatriote, Jean-Baptiste De Velder, un Gantois, ancien grenadier de Napoléon qui piégeait le castor depuis quatorze ans dans les Rocheuses. Ce dernier décida d’accompagner le missionnaire.

Nouveau départ pour rejoindre Fort Hall, le 24 avril 1841. Cette fois le Père De Smet était accompagné de deux prêtres, les Pères Nicolas Point et Grégoire Mengarini, de trois Frères et de trois ouvriers. C’est là que l’avant-garde des Têtes-Plates attendait les religieux pour les conduire vers le lieu de la nouvelle mission, situé à quelque distance de la ville actuelle de Missoula. La rivière Bitter Root faisait de cette région un lieu fertile, à proximité des autres tribus indiennes. Fondée un 24 septembre, la mission fut appelée Sainte-Marie des Monts-Rocheux. Peu avant l’hiver, le Père De Smet se rendit au Fort Colville, sur la Columbia, pour se procurer le matériel agricole nécessaire à la colonie. Il en profita pour rendre visite aux Kalispels (Pends-d’Oreilles). En chemin, il découvrit les merveilleux paysages de l’Oregon et la richesse de sa faune et de sa flore. C’est avec un optimisme redoublé qu’il arriva au fort, le 14 novembre. Celui-ci était propriété de la Hudson Bay Co. Peu après, le Père De Smet se remit en route vers Sainte-Marie, qu’il rejoignit le 8 décembre. A la mission, le Père Point était à la fois architecte et peintre amateur. Outre l’église qu’il érigea au centre du village, il nous a laissé plusieurs centaines de dessins, témoins de la vie des missionnaires du Nord-Ouest. Plusieurs de ses oeuvres furent lithographiées et illustrèrent un livre du Père de Smet, «Missions en Orégon», édité à Gand par Van der Schelden, en 1848.

Le printemps de 1842 vit un nouveau départ du Père De Smet, cette fois vers Fort Vancouver. En route, il rencontra des Coeurs-d’Alènes qu’il évangélisa. Le Père De Smet rencontra d’autres tribus : les Spokanes, Chaudières et Okinganes. Le Père De Smet retourna à Sainte-Marie avec les vivres, les outils et les vêtements achetés au fort. De là, il rejoignit Saint-Louis, laissant la mission aux soins du Père Mengarini, et chargeant le Père Point d’aller en ouvrir une nouvelle au pays des Coeurs-d’Alènes.

Rentré à Saint-Louis, il visita successivement la Nouvelle-Orléans, Louisville, Cincinnati, Pittsburg, Cumberland, Washington, Baltimore, Philadelphie, New York et Boston, recueillant ainsi l’argent nécessaire pour le voyage de trois nouveaux missionnaires et le matériel indispensable aux missions. En mai 1843, il présida au départ de ces hommes, mais décida alors à venir en chercher d’autres en Europe.  Il voyagea cette fois en compagnie de Monseigneur Hughes, archevêque de New York. Ils se rendirent à Rome, puis en Irlande et en Angleterre, pour rejoindre enfin la Belgique. Il passa alors quelques jours en famille, avant de retourner à Rome, à la fin août, où il fut présenté au Pape Grégoire XVI, qui songea à le faire évêque, plaçant sous sa juridiction le pays compris entre les Montagnes Rocheuses et le Pacifique. De Smet put se soustraire habilement à cette charge, qui l’aurait empêché de poursuivre ses missions sur le terrain. Au terme de cette tournée, cinq missionnaires furent choisis pour l’accompagner (deux Belges et trois Italiens), mais pour l’instruction des Indiens, six religieuses allaient cette fois faire partie du voyage. Pour ne pas exposer ces femmes aux dangers de la traversée du continent américain, il fut décidé de doubler le Cap Horn et d’entrer en Oregon par la rivière Columbia.

Le départ eut lieu le 12 décembre 1843, à bord du navire belge l’Infatigable. La traversée allait durer sept mois, ce qui, avec les vents contraires et la tempête allait rendre ce voyage très éprouvant. Dès leur arrivée, les soeurs prirent possession du couvent qui leur avait été construit sur la rive droite de la Willamette (ou Wallamet). Une nouvelle mission fut créée le long du même fleuve et prit le nom de Saint-François Xavier.

La fin de l’année 1844 et les années 1845-46 furent parmi les plus fécondes de la vie du père DeSmet : sans cesse, il sillonna le pays, allant d’une peuplade à l’autre, jetant les bases de nouvelles colonies. Il visita également ses anciennes missions, donnant des nouvelles d’Europe aux Pères qui s’en occupaient. Presque toutes les tribus de l’Oregon avaient leurs missionnaires, à l’exception des Kootenais et des Arcs-à-Plat (famille des Skalzi). De Smet s’empressa de les visiter. Il ne restait plus que les «terribles» Pieds-Noirs, dont une partie du territoire empiétait sur le domaine des missions...

Le Père De Smet décida de les rencontrer et, fin août 1845, il partit à leur recherche, accompagné de trois Indiens, dont un interprète. Une année entière allait s’écouler avant qu’il parvienne à les rencontrer. Ce périple le conduisit jusqu'au Fort Edmonton, sur la Saskatchewan. Il atteignit le sommet le plus élevé des Montagnes Rocheuses, le Mont Brown, qui culmine à 5 000 mètres d’altitude. Fin mai 1846, il était à Fort Colville, où il put s’approvisionner, pour ravitailler les différents postes des montagnes. Il suivit la Columbia en bateau jusqu’à Walla Walla, pour prendre la voie de terre vers la mission du Sacré-Cœur, d’où il repartit, accompagné du Père Point, vers Sainte-Marie. C’est à proximité de cette mission qu’ils rencontrèrent enfin une bande de ces insaisissables Pieds-Noirs, qui les conduisirent vers leur camp principal. Comme ils étaient accompagnés d’une délégation de Têtes-Plates, ils furent les témoins de la réconciliation entre les anciens ennemis.

De retour à Saint-Louis, le missionnaire fit le récit de ses voyages à ses supérieurs et le rapport des progrès des missions. Ceux-ci prirent à nouveau conscience du manque d’effectifs et on résolut de faire à nouveau appel à la Belgique. Le Père Jean-Antoine Elet, qui était l’un des novices arrivés en Amérique en même temps que De Smet, fut désigné pour aller rendre compte à Rome de la situation des missions. On décida que le Père de Smet l’accompagnerait en Europe. 

Tous deux arrivèrent en Belgique au printemps de 1847. Le Père Elet n’avait plus revu sa patrie depuis vingt-six ans. Les deux religieux se séparèrent, le Père De Smet s’occupant plus particulièrement de la publication de son second ouvrage. Celui-ci rencontra un vif succès, tout comme le premier, paru en 1844. Le Père De Smet parcourut alors la Belgique en quête d’hommes et de fonds. Le 3 avril 1848, les deux Pères retournèrent vers le Nouveau-Monde, débarquant cette fois à New York, pour se rendre à Saint-Louis, en passant par les chutes du Niagara.

Ses supérieurs le désignèrent comme secrétaire du Père Elet, qui gouvernait les missions d’Amérique. Son rôle se bornait en grande partie à rédiger la correspondance et à visiter les collèges. Le missionnaire exerçait depuis deux ans ses fonctions administratives, lorsque le surintendant des Affaires Indiennes, Mitchell, fit appel à ses services comme médiateur entre le gouvernement et les Indiens, au cours d’une réunion qui devait avoir lieu près de Fort Laramie, en été 1851. Le but de cette conférence était d’obtenir des Indiens un droit de passage pour les convois d’émigrants sur leur sol et, tout aussi important, de fixer avec précision les frontières de leurs domaines respectifs. Il s’agissait aussi d’obtenir le droit de construire des postes militaires sur ces territoires, afin de protéger les routes de migration. Le Père De Smet, confiant dans la bonne foi des Etats-Unis, désirait sincèrement la réussite de cette conférence et il usa de toute son influence pour assurer la paix. Les deux parties, pleines de bonne volonté, réussirent à se mettre d’accord, et le traité fut signé. Ce traité, connu sous le nom de Horse Creek Treaty, sera respecté pendant trois ans. 

Trois fois en sept ans (1853, 1856/57, 1860), le Père De Smet revint en Europe, une occasion pour lui de s’entretenir avec sa famille, autrement que par lettre. Ces retours au pays furent à chaque fois l’occasion pour le missionnaire de recruter, de plaider et de collecter des fonds pour ses missions. 
En rentrant à New York en avril 1861, le Père De Smet découvrit sa patrie d’adoption (il était naturalisé Américain depuis 1833) en proie à une guerre fratricide. Le Missouri, situé à la limite des Etats fédéraux et confédérés, était le théâtre d’incidents sanglants. Laissant les hommes à leur folie, le missionnaire, muni d’un sauf-conduit, visita à plusieurs reprises les tribus du Haut-Missouri et approvisionna les missions de l’Oregon.

En 1864, Le Père De Smet, de passage à Washington, reçut une proposition qui était loin de le séduire : il devait se rendre chez les Sioux en guere pour leur faire de nouvelles propositions de paix au nom du gouvernement. Il fut à deux doigts d’obtenir de bons résultats dans cette mission pacificatrice, mais les intentions du général Sully, l’un des protagonistes de la campagne contre les Indiens, étaient rien moins qu’hostiles. Cette attitude décut le Père De Smet, qui prit immédiatement le parti de rentrer à Saint-Louis et d’informer le gouvernement de la situation. Pour les mêmes motifs que lors de ses précédents déplacements, le Père De Smet repartit pour l’Europe en octobre 1864. La traversée lui fut très pénible. Dès cette époque, il ressentait les premières atteintes du mal qui allait l’emporter. Il passa des semaines sans sommeil et fut sujet à de fréquents accès de fièvre et à des hémorragies internes. La maladie le forçait souvent à arrêter sa quête. 

Le 30 mai 1868, âgé de 67 ans et sa santé de plus en plus chancelante, le Père De Smet allait encore retourner chez les Sioux, une nouvelle commission étant chargée de conclure une paix définitive. Avec une escorte de quatre-vingts hommes, le Père De Smet partit en émissaire, accompagné d’un ancien trappeur, M. Galpin, qui, depuis trente ans, vivait parmi les Sioux. Le camp se trouvait  près de l’embouchure de la Powder River, où étaient réunies près de six cents familles Hunkpapas, Oglalas, Sihasapas et Miniconjous.
Parmi les chefs, Sitting Bull, auquel le Père remit un crucifix en gage d’amitié, expliqua sans la moindre passion : «Je veux que tout le monde sache que je n’envisage pas de vendre une partie quelconque de mon pays.» Les arguments du Père De Smet ne changeront rien à sa résolution et Sitting Bull ne signera pas le pacte, connu sous le nom de Traité de Fort Laramie.

La santé du missionnaire exigeait qu’il prît quelque repos. Ce fut pour lui l’occasion d’un nouveau retour en Europe. Le 25 novembre 1868, il s’embarquait à New York. Ce voyage ne fut pas de tout repos : lors d’une tempête, le Père tomba sur le pont et se brisa deux côtes. Pourtant, dès son arrivée sur le vieux continent, il recommença à parcourir la Belgique, la Hollande et la France, comme toujours en quête d’hommes et d’argent. Il repartit pour l’Amérique au mois de juin 1869. A son retour aux Etats-Unis, vaincu par la fatigue, il dut garder la chambre plusieurs semaines, mais dès qu’il fut rétabli, il remonta le Missouri. Ce voyage de 1870 marquera sa dernière visite à ses «enfants du désert».

Le 1er juillet 1871, le Père De Smet s’embarquait à New York pour regagner une dernière fois la Belgique, à nouveau pour y rassembler hommes et fonds pour ses missions. Il consacra le reste de l’année à parcourir la Hollande, le Luxembourg, le Nord de la France, l’Angleterre et l’Irlande. Neuf nouveaux missionnaires allaient le suivre en Amérique.
En janvier 1872, il dut interrompre sa quête. Le 12 février il fut saisi de violentes douleurs, alors qu’il séjournait au collège de Bruxelles. Bien qu’il ait songé depuis quelques années à se fixer en Belgique, son désir de retourner à Saint-Louis fut le plus fort et, dès que sa santé le lui permit, il s’arracha aux siens et s’embarqua à Anvers le 7 avril 1872. Dix-huit jours plus tard, il était à Saint-Louis, qu’il ne quitta plus, condamné à la retraite par sa santé chancelante. Il continua cependant à servir les missions par sa plume.

Le 20 mai 1873, le missionnaire demanda les derniers sacrements. A deux heures moins le quart, le 23 mai 1873, il rendit son âme à Celui qu’il avait servi avec tant de zèle. Il repose au cimetière de Florissant, à côté des Pères De Theux, Van Quickenborne et Elet, ses maîtres et amis.

Source : Daniel Massant : Le Père Pierre-Jean De Smet in Americana Vol 2 n° 2, 1997