Histoires, anecdotes
et légendes acadiennes Avez-vous vu ma Julie? On connaît le fameux poème de Longfellow: "A Tale of Acadia", où la légendaire Évangéline recherche son Gabriel. Mythique peut-être, mais combien réaliste suite à cette diaspora où la destination des bateaux de la déportation était souvent inconnue des passagers eux-mêmes prisonniers. Lors de la déportation, les séparations des familles, entre cousins, entre frères et surs, entre enfants et parents, voir même entre époux, furent la cause d'une douleur morale que l'on ne pouvait jamais clore. Où était cet être cher absent? A-t-il pu échappé à la déportation? Dans quelle colonie a-t-il été déporté? Était-il dans l'un de ces bateaux qui avaient coulé? Était-il parmi ces fugitifs qui sont morts de faim? A-t-il été victime de l'une des nombreuses épidémies? Au moins huit années de tortures mentales s'écoulèrent avant que le traité de paix, entre la France et L'Angleterre, autorise peu à peu les acadiens déportés à voyager. Ce fut le début d'une recherche systématique à travers le monde. "Retrouver les siens, retrouver l'Acadie" devint une expression redondante. Voici quelques anecdotes illustrant cette séparation. Jean-Baptiste
et Julie. "...séparé à Port-Royal de sa femme et de ses enfants, avait été débarqué à Philadelphie Il alla de ville en ville, de village en village, depuis Philadelphie jusqu'à Boston, demandant, avec une naïveté ridicule: "Avez-vous vu ma Julie?". Après sept années d'infructueuses recherches, il passa au Canada, et se rendit dans la colonie acadienne de St-Jacques-de-l'Achigan. Un matin, il vint frapper à la porte d'une des maisons de la paroisse, appartenant aux prêtres de Saint-Sulpice, et il fit son éternelle demande à une femme qui vint lui ouvrir: "Avez-vous vu ma Julie?". A cette question, la femme recule d'un air étonné, regarde attentivement l'étranger, pâlit et tombe sans connaissance; c'était sa Julie.."
Le
couple Doucet. Combien cherchèrent en vain! Combien ne retrouvèrent qu'une tombe! Même après un demi siècle de recherches et de regroupement, les familles acadiennes demeurent éparpillées non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe et aux Antilles.
Charles
Forest En 1767 il est locataire sur les terres de J.F.W. DesBarres, à Menoudie, Nouvelle-Écosse. Charles, né le 13 octobre 1723 à Annapolis Royal, était le fils de René Forest et Françoise Dugas. C'est à Beaubassin qu'il avait épousé le 10 mai 1745, Marie Chiasson, fille d'Abraham et Marie Poirier. Charles était veuf depuis au moins 1759. Or vers 1792, Charles Forest désirait se remarier, cette fois-ci avec Marie Girouard, fille de Louis et Marie Thibodeau. Toutefois Marie Girouard était l'épouse de Michel Duguay. Ce dernier avait disparu, comme bien d'autres, lors d'un exil vers la France, et était présumé mort. L'abbé Le Roux refuse de les marier, car on ne peut produire de preuve du décès de Michel Duguay. Ce n'est qu'après des protestations de l'influent DesBarres auprès des autorités religieuses d'Halifax, que le père Thomas Grace les maria enfin, en dépit des objections de Leroux. Charles Forest était le frère de François, époux de Jeanne Girouard, qui s'était établi en 1767 avec plusieurs de ses enfants, à un millier de kilomètres plus à l'ouest, à St-Jacques-de-l'Achigan (Lanaudière)
Jean
Lord et Anne Comeau Ce Jean Lord était le fils d'Alexandre et Françoise Barillot. Il avait épousé Madeleine Comeau, fille de Pierre et Suzanne Bézier, le 10 septembre 1737 à Port-Royal. Le couple s'était ensuite installé à Chipoudie, où sont nés huit enfants de 1738 à 1752. Plusieurs de ceux-ci se retrouvèrent, après la déportation, à Yamachiche (à l'est de Lanaudière) Étienne
Hébert Étienne Hébert, né vers 1736, fils de Jean-Baptiste et Elizabeth Granger, habitait le vallon du Petit Ruisseau de Grand-pré, lorsqu'il fut enlevé à 18 ans, et déporté à Philadelphie. Tout comme le Gabriel de Longfellow, il avait son Évangéline qui se nommait Marie-Josephe. Jean Baptiste Hébert arrive en 1767 à Trois-Rivières avec trois de ses enfants: Étienne, Jean-Baptiste et Françoise. Étaient absents ses fils Honoré et Joseph. La tradition rapporte qu'Étienne fit plusieurs voyages en raquettes, à travers la forêt, à la boussole, vers les États de la Nouvelle Angleterre afin d'y ramener ses frères Honoré et Joseph, et sa fiancée de Grand-Pré. Il apprend que cette dernière est à Québec et lui est resté fidèle. Contrairement aux héros du poème, Étienne Hébert et Marie-Josephte Babin s'épousent le 10 octobre 1769 à Trois-Rivières et eurent au moins cinq enfants. Il parcourt à nouveau des milliers de kilomètres en raquettes vers la Nouvelle Angleterre, et découvre enfin ses deux frères, l'un à Worcester au Massachusetts, l'autre à Baltimore au Maryland. Le 4 novembre 1771, les quatre frères Étienne, Jean-Baptiste, Joseph et Honoré sont réunis, tel que l'indique le registre des mariages réhabilités. Ils sont installés à Bécancour. Honoré Hébert
est l'ancêtre de Louis-Philippe Hébert, artiste, qui a sculpté
la statue d'Évangéline.
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